Homélie: 27 décembre 2020

On peut se demander à la suite de ces récits ce qu’on peut attendre de vieillards, tels Abraham, Sarah, couple âgé ne pouvant plus avoir d’enfants, de ce vieux Siméon, et de cette femme de 84 ans recluse depuis si longtemps ? Qu’est-ce qu’un enfant et de jeunes parents peuvent en attendre ?

Hélas, c’est bien dans cet état d’esprit que le monde actuel juge la situation de nos contemporains âgés ! Alors, qu’en est-il des relations de transmission, par exemple de la foi, entre les plus anciens et les plus jeunes ? entre les parents et les enfants ? Qu’est-il possible de vivre de tel dans ce monde quand on croit que pour transmettre il suffirait d’informer, si possible le plus vite possible ? La transmission se voit remplacée par la réponse et la réussite rapides. (cf Google ?). Mais la transmission peut-elle être remplacée par la solitude devant l’ordinateur ?

« La vérité ne s’enseigne pas, elle se vit », dit la philosophe Catherine Chalier ; elle continue : « C’est la forme singulière et vivante qu’elle prend chez des proches, parents, professeurs, amis, qui parfois donne à celui à qui on la transmet le désir de s’en approcher davantage, voire d’en vivre à son tour et ainsi d’en devenir le contemporain ». Ainsi comprises, les vies de Siméon, d’Anne, et de nos frères et sœurs âgés d’aujourd’hui, vies souvent discrètes qui passent inaperçues, prennent tout leur sens.

L’enfant a besoin d’entendre une parole bonne. « Nul enfant ne se lève et ne marche, ne sourit et ne parle, ne s’avance vers autrui avec confiance s’il n’est appelé à le faire ». Le mot ‘promesse’ est utilisé dans chacun de ces passages bibliques comme un acte fondateur. Dieu est fidèle. Dieu promet la vie, quelles qu’en soient les formes et les passages difficiles à traverser par soi-même, et qu’on ne peut vivre que seul d’ailleurs.

Voilà donc la longue tradition, la transmission de ceux qui, plus anciens, plus jeunes, peu importe, mettent une parole d’espoir dans l’inespoir et disent des paroles d’encouragement. Quelles que soient notre âge, nos capacités, nos responsabilités de parents, de frères, d’amis, nous sommes appelés par Dieu à être comme ces vieillards prêts à ces missions d’espérance. Dans ce contexte biblique, il n’est pas étonnant que Jésus grandissait, se fortifiait, rempli de sagesse.

Rendons grâce à Dieu d’avoir nous-mêmes rencontré et connu des femmes, des hommes, qui nous ont fait parvenir la force de l’évangile. A notre tour, « de faire découvrir cette promesse de vie divine au cœur de chacun ; c’est une mission d’espérance qui nous est confiée » (GC35).

Michel Joseph, sj
27 décembre 2020

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