Ajoutons de la vie à nos années. Lc 2,16-21
« Il est urgent de prendre un autre rythme en cette année pour retrouver notre humanité et en même temps défendre notre planète. Il est urgent de retrouver un peu de sagesse en prenant de la distance face à la productivité et à l’agitation ». Voilà ce que je disais l’année dernière lors de mon homélie du 1er janvier 2020 ici même. Et bien, cela s’est réalisé parfaitement, mais pas dans les circonstances qu’on aurait voulues. Nous avons pris de la distance par rapport à la productivité et l’agitation, mais ce fut contraint et forcé. Nous sommes passés d’un confinement à un autre, et de multiples mesures qui ont ralenti nos activités, nous contraignant parfois à rester chez nous. Contraint de ralentir, et parfois de tout arrêter, beaucoup de gens ont souffert, les personnes âgées en particulier. Nous avons donc pris un autre rythme, mais ce n’était pas notre choix. C’était la réponse à l’invasion de ce petit virus dans les rangs de notre humanité. L’Évangile de ce jour nous invite à reprendre le même chemin mais de manière libre, pour changer de rythme et peut-être changer de vie. « Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ». Après la naissance de Jésus, elle ne commence pas par faire des programmes, des plans pour les mois ou les années qui viennent. Elle laisse aux bergers le soin de chanter leur joie et de glorifier Dieu. Elle médite tous ces événements dans son cœur, comme s’il y avait là une promesse, quelque chose d’immense qu’elle a besoin de méditer longtemps pour lui laisser le temps de s’accomplir.
Ainsi en ce 1er janvier, nous méditons cette promesse qui nous est offerte pour une nouvelle année. C’est une année déjà chargée de nuages, de nuages noirs qui ne vont pas s’en aller en quelques mois. Il nous faudra encore de la patience et pas mal de courage. Beaucoup d’attention aussi à ceux qui nous entourent, à ceux avec qui nous travaillons, avec qui nous vivons. Mais cette promesse d’une nouvelle vie est là. Nous ne pourrons la vivre qu’en faisant comme Marie, donner une dimension intérieure à notre existence. Une nouvelle année ne vient pas seulement rajouter une unité de plus au nombre d’années déjà vécues. Elle nous offre une nouvelle opportunité pour repartir d’un nouveau pied.
Oscar Wild, qui n’est pas un auteur que l’on cite souvent dans les églises, le disait à sa manière : « Il ne faut pas chercher à rajouter des années à sa vie, mais plutôt essayer de rajouter de la vie à ses années ». Rajouter de la vie à ses années. Rajouter de l’intériorité et de la vérité à cette année qui vient. Ne pas nous laisser écraser par les circonstances.
Certes, cette pandémie vient troubler notre vie, notre routine, nos habitudes parfois toute l’organisati on de nos existences . , Mais la vie chrétienne n’a jamais et de tranquillité. été une promesse de stabilité et de sécurité, comme si elle était une assurance de paix Elle est un aiguillon de mouvement et de création avec cette injonction d’aimer son prochain comme soimême , toujours davantage comme dirait St Ignace Dans les nouvelles circonstances que nous viv r ons cette année , . sachons vigilant s à être nous préparer à vivre autrement, en nous adaptant avec courage et détermination aux nouvelles conditions qui limitent nos espaces de vie et de rencontre. Ne nous laissons pas aller au simple divertissement pour fuir la difficulté d’une vi e réduite, limitée dans ses possibilités. Préparonsnous à vivre autrement, par la méditation, la prière et la réflexion. Comme Marie, « tous ces événements, et méditons les dans notre cœur Bonne année 2021 ».
Pierre de Charentenay, sj