Le 6 juin, fête de la Pentecôte, l’église Saint-Ferréol célébrait la messe des Nations pour dire quelque chose de l’internationalité de la communauté de St-Fé dans l’accueil de l’Esprit Saint !
Cette internationalité s’est reconnue par les tenues vestimentaires aux multiples couleurs, les chants, les textes et prières lues en différentes langues.
Les fidèles dès leur arrivée étaient invités à venir indiquer leur pays d’origine sur le planisphère déposé à l’entrée.
C’est au chant « Esprit de vérité brise du Seigneur, esprit de liberté passe dans nos cœurs » que l’assemblée a accueilli les célébrants et le planisphère posé au pied de l’autel.
Les chants étaient assurés par le p’tit-chœur dirigé par Marie-Thanh, Jacqueline et Cédric.
La célébration s’est poursuivie avec quelques particularités puisqu’il s’agissait d’internationalité.
Ainsi la séquence de Pentecôte a été lue en Anglais, en Vietnamien, en Mina(Togo) en Espagnol et en Arabe, la procession des offrandes était accompagnée d’un chant de l’ouest du Cameroun « Yahwe kola » et, le rituel indien de l’Aarti, rituel accompli par le chant et la danse pour laisser s’épanouir son amour pour Dieu.
Après la communion un très beau temps de recueillement grâce à la voix de Marcelo Puente, chanteur d’opéra dans le rôle de « Don Carlo » à Marseille récemment qui a chanté l’Ave Maria de Schubert.
Cette célébration a été aussi l’occasion de remercier et de dire au revoir à ceux qui quittaient Marseille, notamment, les jésuites Yves Brasseur et Cédric Lecordier, et les xavières Juliette Ploquin et Marie-Thanh N’guyen. Ils ont collaboré à la vie pastorale de St-Fé.
Après la bénédiction finale et l’envoi « Flamme sur le monde, Fleuve des eaux vives, Esprit de Dieu » un grand temps de rencontre et de partage autour d’un apéritif festif sous un beau soleil de Provence sur le parvis de notre sanctuaire.
Belle fête de Pentecôte à St-Fé, « Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière »et grâce à cette assemblée de diverses nations, comment ne pas entendre et vivre l’évangile du jour « tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »
Geneviève Fraysse
Homélie de Pentecôte
Notre église Saint Ferréol se trouve idéalement située, sur le Vieux-Port de Marseille. Des personnes de partout, chrétiens convaincus, chrétiens hésitant, personnes d’autres religions ou sans religion y entrent pour prendre un temps de pause loin de l’agitation de la rue. Nos célébrations accueillent, et nous le voyons particulièrement bien aujourd’hui, des personnes venues d’horizon très différents.
Un dimanche il y a quelques semaines, à la sortie de la messe, sur le parvis, nous les prêtres, nous saluions comme d’habitude, les fidèles qui sortaient de l’église. Et voilà un couple qui me dit : « Father, thank you for this beautiful mass. We appreciated it very much”(« Merci Père pour cette belle messe que nous avons particulièrement appréciée »). Ils en avaient les larmes aux yeux : on voyait bien qu’ils étaient remplis de l’Esprit Saint. Je leur demande alors : « Thank you. But where are you from ?” Ils me répondent: “San Diego, California”. C’étaient des Américains, touristes de passage, qui en fait ne parlaient pas un mot de français. Mais ils avaient été émus et très touchés par la célébration. Nous avons ce grand avantage dans l’église catholique romaine, que nous pouvons aller à la messe n’importe où dans le monde entier, nous sommes chez nous et pour peu que nous ayons lu les textes à l’avance, nous pouvons suivre la messe -à part l’homélie c’est vrai- sans trop de difficulté. « Ces gens ne sont-ils pas tous des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle » s’étonnent les auditeurs des apôtres dans la première lecture. Tous sont remplis d’Esprit Saint, de ce souffle, de cette langue qui vient d’un unique feu divin.
C’est cela que nous fêtons aujourd’hui : l’Esprit de Dieu qui habite en nous, de manière très personnelle et qui fait son chemin en chacun et chacune et peu importe nos connaissances ou notre ignorance des langues étrangères : l’essentiel est au-delà des mots.
J’ai été appelé cette semaine pour donner le sacrement des malades à une dame, encore assez jeune, mais qui est atteinte d’une maladie grave. Je la connaissais, mais je ne l’avais plus vu depuis la Semaine Sainte. Du coup, j’ai été choqué de la voir marcher tout doucement, en respirant difficilement. D’un côté la maladie l’avait défigurée, mais d’un autre, elle était rayonnante. Elle me confiait sa joie à travers l’épreuve, elle était pleinement consciente de la fin qui approchait mais, on le voyait bien, « elle vivait de l’Esprit et non de la chair », comme le dit Saint Paul dans la deuxième lecture. Elle est joyeuse de pouvoir aider et consoler les nombreuses personnes qui viennent la visiter. Elle est l’exemple même du message de Dieu pour la Pentecôte : l’extérieur est défiguré, soit, mais regardons l’intérieur, c’est cela qui compte.
Si on vous offre un flacon, un vase rempli de parfum précieux ou une bouteille de vin d’un grand cru, ne soyez pas superficiel et mondain, ne regardez pas que le contenant, le vase, le flacon, la bouteille, mais ouvrez-le plutôt, pour accéder au coeur, à l’essentiel, à ce qu’il y a de divin, à l’Esprit Saint qui habite au fond de chaque personne.
AMEN.
Vincent Klein, sj
Saint-Ferréol, le 5 juin 22
Homélie du 29 mai 2022
Que tous soient un
Jn 17, 20-26
Dans ce discours avant la passion, le Christ nous parle de la mission des disciples dans le monde avec la grande interrogation de l’unité entre les chrétiens. S’ils sont unis, ils peuvent participer à la glorification de Dieu, celle du Père et celle de Jésus. Tous ces textes tournent autour de cette injonction : que tous soient un. Une réalité spirituelle à construire. Voilà la mission.
On utilise ce texte dans les rencontres oecuméniques. Le caractère d’invitation, d’appel de ces phrases montre que cette unité, capitale pour la mission, est toujours à parfaire.
A partir de là, il faut faire une réflexion sur l’unité et la division dans la foi. Il faut s’interroger sur les lieux et les sources de la division. On pourrait parler des divisions avec les orthodoxes depuis le XI° siècle ou celles qui existent avec les protestants depuis le XVI° siècle.
Je préfère parler des divisions qui existent aujourd’hui. C’est plus sensible, mais plus proche de nous. Je ne m’intéresse pas ici aux différences superficielles de la forme ou de la couleur des costumes des uns ou des autres.
Je pars de l’exhortation du pape François, Traditionis custodes parue en juillet 2021 sur le rite extraordinaire en latin. Benoit XVI avait fixé un modus vivendi assez souple en 2007, avec une ouverture aux messes en latin un peu partout. François est plus restrictif.
C’est que l’expérience et les remontées des évêques ont montré au pape François que derrière la liturgie, il existe en fait des communautés de refus du concile Vatican II qui se constitue. Le latin et le rite liturgique traditionnel cachent des divisions profondes des traditionalistes avec l’Eglise. Pour le pape, l’unité de l’Eglise était en jeu, pas sur la liturgie mais sur le fond, sur la théologie.
Cela vient de loin. Mgr Lefebvre exprimait sa différence par le latin mais la différence était théologique et profonde, notamment sur le statut de la vérité, sur la liberté religieuse, sur le dialogue entre les religions etc. La liturgie n’était qu’une façade.
Le pape François a donc mis de nouvelles conditions beaucoup plus restrictives pour la messe en latin. Les groupes traditionalistes sont très mécontents. Mais l’enjeu est bien celui de l’unité théologique de l’Eglise. On ne peut pas jouer à cache-cache avec Vatican II. Ce concile, universel par nature, a été le fruit de discussions longues pour obtenir l’unité. Tous les textes étaient votés à 95 ou 98 % des présents pour éviter justement les divisions.
Le texte du concile sur la liturgie a été le premier voté et le plus facilement. Cela montre bien que la division actuelle sur la liturgie est une division de façade qui cache des dérives théologiques, des radicalisations, qui suivent celles qu’on observe dans la société. C’est la relation au monde qui est en jeu, avec une recherche pour certains d’un rôle immédiat de la loi chrétienne dans le monde.
L’unité de l’Eglise est fortement abimée. Elle ne sera pas rétablie par des paroles magiques mais par des efforts de tous pour revenir à l’Evangile, à son esprit, aux paroles du Christ sur l’accueil et l’ouverture du salut à tous.
Pierre de Charentenay sj.