la 1ère Mission jésuite d’été, à Marseille du 8 au 16 juillet

Du 8 au 16 juillet, 10 jésuites et des jeunes étaient présents dans la cité phocéenne pour partager la joie de l’Evangile.

Récit d’un participant

« Le 14 juillet, une très belle veillée de prière avec adoration eucharistique était organisée tandis que des milliers de personnes convergeaient vers le Vieux-Port pour le feu d’artifice.Les personnes qui le souhaitaient recevaient une bougie à l’entrée qu’elles pouvaient déposer au pied de l’autel. Ils recevaient également un post-it et de quoi écrire une intention à coller sur un mur d’intercession.
Plusieurs centaines de personnes de toute origine géographique, sociales, religieuses… sont venus.
La veillée s’est terminé au début du feux d’artifice que les participants ont pu admirer du toit de l’église Saint-Ferréol sur le Vieux-Port. »

Homélie du 21è dimanche du temps ordinaire – Année B

Chers frères et sœurs,

Une fois n’est pas coutume, je commenterai ce dimanche la deuxième lecture, tirée de la lettre de Saint Paul aux Éphésiens (5, 21-32). Ce texte était lu systématiquement aux messes de mariage avant la réforme liturgique qui a suivi le concile de Vatican 2. Or aujourd’hui, on ne l’y entend plus guère. En cause cette fameuse phrase : « Femmes, soyez soumises à vos maris » devenue inaudible dans notre société occidentale moderne, et c’est tout à fait compréhensible. C’est pourtant bien dommage car, contrairement à ce qu’une lecture trop rapide pourrait laisser penser, Paul ne prétend pas que l’homme soit supérieur à la femme. Et surtout, ce texte est un joyau, une magnifique méditation sur le mariage chrétien dont il pose les bases théologiques. J’aimerais montrer cela en parcourant brièvement avec vous ce passage du chapitre 5 de la lettre aux Éphésiens.

Le contexte dans lequel Paul écrit cette belle lettre est celui d’une société patriarcale où la femme n’était ni plus ni moins que la propriété de son mari. Or, si le mot « soumission » fait effectivement problème, la première phrase du texte (v.21) interdit, du fait de sa réciprocité, d’y voir une quelconque dimension de pouvoir : « Frères, par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ». La soumission dont il est question ici est semblable à la « crainte de Dieu » dans l’Ancien Testament. On peut traduire ce mot par « respect » comme le fait le verset 331. Il s’agit d’une attitude d’humilité et d’écoute qui permet à l’autre d’être vraiment lui-même, de se dire et de s’épanouir en vérité et en confiance. La soumission dans le sens biblique, et plus particulièrement dans le sens paulinien, est une qualité de présence à l’autre. Il y a là l’idée d’une responsabilité qui nous incombe les uns vis-à-vis des autres. C’est, je pense, le sens même de la chasteté2 à laquelle tous les chrétiens, célibataires ou mariés, sont appelés.

Saint Paul compare le rapport mari/femme avec celui de la tête et du corps et aussi du Christ et de l’Église. Il reprend ainsi l’image du rapport nuptial entre Dieu et son peuple que les prophètes de l’Ancien Testament, et en particulier Osée, ont développée. Mais Paul lui donne une nouvelle dimension et une densité inouïe. Ici, la femme n’est pas l’épouse infidèle de l’Ancien Testament : elle est pure comme tout chrétien passé par le bain baptismal3. Elle n’a « ni ride, ni tache, ni rien de tel » (v.27). Et d’ailleurs, n’en est-il pas ainsi, chers frères et sœurs, quand nous regardons notre conjoint comme un don de Dieu, que nous reconnaissons en lui, en elle, l’Esprit à l’œuvre ? Quelle merveille quand je peux dire à mon conjoint, même après de très nombreuses années de mariage : « Tu m’étonneras toujours ! » ou encore : « tu restes un mystère pour moi ». Le mystère au sens chrétien du terme, c’est ce que je n’ai jamais fini de découvrir et qui me dit la présence agissante de Dieu.

En fait, non seulement Paul ne sous-entend aucun rapport de pouvoir et de domination de l’homme sur la femme, mais au contraire, s’adressant majoritairement à des hommes, il leur pose, à eux, des exigences qui en ont très certainement choqué plus d’un : « Vous les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église et il s’est livré pour elle » (v.25). Aimer jusqu’au don de soi, un don total et sans réserve, un don de toute sa vie jusqu’à mourir pour elle : voilà la tâche du mari ! Et Paul utilise l’image du corps pour illustrer son propos : l’époux est appelé à prendre soin de son épouse comme de son propre corps. L’aimer ainsi, nous dit Paul, c’est s’aimer soi-même (v.28). Quelle exigence, quelle magnifique exigence ! Certes, cela reste un idéal, mais si on arrive à accueillir avec humilité et un brin d’humour ses propres travers et ceux de son conjoint, il y a là un véritable chemin de vie. Paul jette alors un regard nouveau et profondément christique sur la première page de la bible : « L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un » (v.31), c’est-à-dire, une seule chair, une seule révélation ! Avec saint Paul, prenons la mesure de la grandeur et de la profondeur du sacrement de mariage, qui éclaire la relation de Dieu avec son peuple et celle du Christ avec nous : « Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église ! » (v. 32)

1 Dans le v.33 qui conclut ce texte et qui est curieusement omis par le lectionnaire, Paul reprend l’injonction faites aux époux de manière claire : « Chacun de vous, pour sa part, doit aimer sa femme comme lui-même et la femme, respecter son mari ».

2 Saint Ignace évoque bien cette attitude dans les Constitutions de la Compagnie de Jésus : « En tout, (les compagnons) s’efforceront et auront le désir de donner la préférence aux autres (…) et leur manifesteront avec simplicité (…) le respect et la révérence (…). Ainsi (…) chacun s’efforcera de reconnaitre [Dieu notre Seigneur] en l’autre comme en son image » (n°250).

3 Saint Paul fait allusion à la coutume des bains rituels que prenait la fiancée avant le mariage, qui avaient lieu à son époque comme encore dans beaucoup de cultures aujourd’hui.