« Arrivant » – poème du P. Vincent Klein sj sur le parcours d’un réfugié

Tes larmes de sel reflètent les visages
De ta mère et tes sœurs demeurées au village

Gravées en toi ces boussoles indélébiles
Comme des petits piaillant le bec vers le ciel
T’appellent et t’envoient tenter au loin la chance.

Tes larmes de sel quand elles vivaient encore
Disaient le secret mais déraisonnable espoir
D’atteindre un jour un rivage hospitalier
Où tu serais traité autrement qu’en esclave
Alors qu’autour de toi à perte de vue s’étend
Le cimetière marin des illusions déçues.

Tes larmes de sel retracent le chemin
Des caravanes enchaînées à travers le désert
En guise d’oraison un peu d’eau, un peu de pain
Et sur une frêle coque au moteur exténué
La folie d’un passage maintes fois tenté.

Tes larmes de sel ont fait monter la mer
Les vagues les déversent en faisant retentir
Le roulis alarmant de mille crécelles polies
Autant de galets bruts livrés aux estivants
Qui étendent sur ces braises leurs corps incandescents.

Tes larmes de sel en toi figent l’humanité
Arrivé harassé, arrimé, tu te dois
D’apprendre la langue, te former, travailler,
Répondre aux injonctions ou alors résister
À la main tendue qui pourrait bien te frapper.

P.Vincent Klein sj

Aller plus loin

Fête du Sacré Coeur 24 juin 2022

Prier le Cœur de Jésus

Prier la litanie du Sacré Cœur avec les paroles de Didier Rimaud et un tout petit dépliant

  1. Nom de Jésus, le nom du Bien-Aimé,
    Le nom du Premier-Né, loué sois-tu !
    Cœur de Jésus, brûlé de tant d’amour,
    Meurtri par le péché, pitié pour nous 
    Nom de Jésus, le nom du vrai Pasteur,
    Le nom du Prince-Agneau, loué sois-tu !
    Cœur de Jésus, repos des cœurs blessés,
    Et grâce des pécheurs, pitié pour nous!
  2. Nom de Jésus, plus beau que tous les noms,
    Le nom qui nomme Dieu, loué sois-tu !
    Cœur de Jésus, qui dis le cœur de Dieu,
    Plus grand que notre cœur, pitié pour nous!
  3. Nom de Jésus, le nom des baptisés,
    Seul nom des justifiés, loué sois-tu !
    Cœur de Jésus, le cœur de l’Homme Dieu,
    Le cœur de Dieu en croix, pitié pour nous !
  4. Nom de Jésus, qui blesses notre cœur
    Et creuses tout désir, loué sois-tu !
    Cœur de Jésus, qui calmes toute soif
    Et combles toute faim, pitié pour nous !
  5. Nom de Jésus, puissance de Salut
    Qui marques notre front, loué sois-tu !
    Cœur de Jésus, qui mènes vers la joie,
    Qui gardes dans la paix, pitié pour nous !
  6. Nom de Jésus, soleil en plein minuit,
    Fraîcheur en plein été, loué sois-tu !
    Cœur de Jésus, printemps en plein hiver,
    Fontaine en plein désert, pitié pour nous !
  7. Nom de Jésus, plus clair que n’est le jour,
    Plus doux que n’est le miel, loué sois-tu !
    Cœur de Jésus, étoile du chemin,
    Rocher qui donnes l’eau, pitié pour nous !
  8. Nom de Jésus, la perle de grand prix,
    Trésor qui passe tout, loué sois-tu !
    Cœur de Jésus, violent comme est l’amour,
    Puissant comme est le feu, pitié pour nous !


Homélie du 19 juin 2022

Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés
Lc 9, 11-17

Voilà qui est une évidence : après un repas on est rassasié.
Vous avez invité des gens à déjeuner à midi, vous n’allez pas laisser vos invités avoir faim. Il y a des cultures où il n’est pas du tout poli de finir son assiette parce que ce serait un message pour dire je n’ai pas eu assez. Ici, tout le monde est rassasié.
Mais c’est un repas un peu spécial. Qu’est-ce qu’il y a de particulier dans cette nourriture ? Pour le comprendre il faut retourner à l’Ancien Testament, lorsque, à la demande de Moïse, la manne venait nourrir le peuple d’Israël tous les jours. Mais cette manne disparaissait au bout de 24 heures : nourriture éphémère.

Depuis cette multiplication des pains, tout est différent. La nourriture divine est toujours présente pour nous rassasier. Elle est symbolisée par ce que nous recevons à chaque eucharistie. Il n’y a pas de limite à sa capacité de nourriture. Il n’y a pas d’interdiction avant de la recevoir. Les 5000 hommes qui ont reçu cette nourriture n’ont pas passé un examen de morale avant de la recevoir. Ils ne sont pas parfaits et sans péché. Jésus a distribué cette nourriture à tous sans exception. Il continue à le faire à chaque eucharistie.
Mais c’est aussi une nourriture qui dure, car il en reste 12 corbeilles qu’il faut bien garder et qui vont se conserver, sous-entendu, pour d’autres occasions. Ce n’est donc plus la manne donnée chaque jour, qui ne comble pas la faim au-delà de 24h. Cette multiplication des pains nourrit et rassasie pleinement.
« Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ».
Il faut essayer de comprendre la force et l’ampleur de la visée symbolique de cette conclusion.

Ces 5 000 hommes sont rassasiés après la faim qu’ils ressentent. Il s’agit d’une faim de nourriture d’abord. Mais le miracle peut aussi s’appliquer à d’autres faims plus contemporaines, à notre faim d’objet multiples, à notre désir de posséder plus, de nous assurer matériellement, de remplir notre esprit. Le Christ nous libère de ces désirs et « nous serons rassasiés ». Nous n’aurons plus faim de consommation.
Le Christ nous libère de ces désirs. Il ne va pas nous donner des frigidaires et des billets d’avion. Mais il nous libère de ces désirs de possessions en comblant notre coeur et notre âme de sa vérité et de son amour. Si nous l’accueillons en nos vies, nous serons libérés de tous ces désirs car notre coeur sera plein de lui, de sa parole, de son questionnement en nous. Nous ne serons plus à la recherche sans cesse de toujours plus de biens, de toujours plus d’impressions et de sensations, de toujours plus d’occupations. Nous serons libérés de toutes nos addictions à l’achat, à la consommation, à l’hyperactivité.

Nous serons rassasiés. Nous sommes rassasiés spirituellement.
Quelle libération ! Nous n’avons plus faim de consommation, nous n’avons plus envie du dernier gadget, de la dernière voiture, du voyage en plus. Nous sommes rassasiés, le coeur libre de toute envie. Voilà tout ce que la multiplication des pains nous apporte. Accueillons cette nourriture dans nos vies.

Pierre de Charentenay, sj
Saint-Ferréol, le 19 juin 22