Message de Mgr Aveline: dimanche du Christ Roi

Le Royaume de Dieu est là, tout près de nous

Chers amis,
Bien que nous soyons encore confinés, nous allons célébrer ce dimanche la solennité du Christ-Roi, dernière étape de cette année liturgique décidément pas comme les autres !

Et pourtant, à travers les vicissitudes et les incertitudes de cette période, le Royaume de Dieu a continué de germer et de croître : nous en avons souvent été les témoins émerveillés  ! Je me souviens d’un tropaire de l’abbaye de Tamié :

«  Ouvriers de la paix, la moisson vous attend ! Pour réconcilier le monde, n’emportez que l’amour. À ceux qui vous accueillent, comme à ceux qui vous chassent, annoncez la nouvelle : le Royaume de Dieu est là, tout près de vous !  »

Pour nous aider à vivre ce que l’Église nous propose en ce jour, je vous invite à une triple démarche : de relecture, de service et de prière.

Faire mémoire de l’année écoulée

Puisque cette année s’achève, je vous suggère, à partir de ce dimanche et tout au long des semaines qui viennent, de faire mémoire de ce qu’elle fut pour chacun de nous, pour nos familles, nos collègues de travail, nos diverses relations, nos communautés, et pour notre diocèse. Prenons le temps de nous asseoir, de relire ce qui s’est passé, de réfléchir à ce qui nous est arrivé. Il y eut sans doute de beaux moments et d’heureux événements ! Et puis il y eut ce virus et son cortège de peurs, de douleurs, de solitudes, d’incompréhensions, de colères, de doutes… Encore aujourd’hui, nous nous sentons comme «  englués  » dans une étrange torpeur faite d’incertitude et de désarroi. Et cependant, nous avons tous été témoins de belles choses cette année : des élans de solidarité, des merveilles de charité, des dévouements admirables, des gestes inédits de fraternité. Comme au temps où nos pères erraient dans le désert, Dieu n’a pas abandonné son peuple ! «  Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis et je veillerai sur elles. […] J’irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de nuages et de sombres nuées  » (Ez. 34, 11-12).

Prenons donc le temps de relire le chemin parcouru cette année, avec ses joies et ses peines. Prenons le temps d’écrire, de rendre grâces, de partager avec nos proches comme dans de petits cénacles, avec l’aide de la Parole de Dieu. Faire mémoire  : ce fut toujours le conseil de Dieu à son peuple, afin qu’en se souvenant de la présence de l’Esprit au milieu des événements de la vie, il puisse continuer son chemin et grandir dans la foi. Faire mémoire ensemble : c’est ainsi que commence tout chemin synodal. «  Quant à Marie, elle conservait avec soin tous ces événements, les méditant en son cœur  » (Lc 2, 19) : voilà pourquoi toute démarche synodale est profondément mariale.

Dans les groupes auxquels vous appartenez déjà (familles, communautés, paroisses, services, mouvements, etc.), n’hésitez pas à prendre, dans les semaines qui viennent, une ou plusieurs séances pour faire ce travail. Et si vous n’avez pas de groupes, créez le vôtre, avec des voisins, des amis, des personnes avec qui vous partagez l’expérience de la vie, même si elles ne partagent pas tout à fait votre foi !

Tout au long de l’Avent, le Service diocésain de la vie spirituelle nous fournira quelques supports et quelques suggestions. Quand vous aurez fait ce travail de relecture et de partage, je vous encourage à communiquer vos réflexions pour que nous apprenions à scruter ensemble l’œuvre de l’Esprit dans nos vies et dans la société. Une adresse est à votre disposition : lapremiereenchemin@adm13.fr«  Ouvriers de la paix, la moisson vous attend !  »

Prendre le tablier de service

Ce dimanche, nous ne pourrons pas encore nous réunir pour célébrer l’eucharistie. Croyez bien que je le regrette très profondément. Que cela nous stimule pour mettre davantage en pratique la Parole de Dieu ! Or l’Évangile que la liturgie de l’Église nous propose de méditer en ce jour du Christ-Roi est celui du jugement dernier  : «  Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait  », dit le Seigneur (Mt 25, 40). Alors je vous propose quelque chose de très simple : dimanche, prenons le tablier de service  ! Rejoignons, par exemple, les lieux où depuis plusieurs semaines déjà, sont organisés des services de petit déjeuner pour les personnes qui dorment dans la rue. Dimanche dernier, j’ai pu y participer devant l’église Saint-Ferréol, sur le Vieux-Port. Dimanche prochain, plusieurs lieux sont prévus là où sont les plus pauvres. Renseignez-vous pour savoir où aller et ce que vous pouvez faire, de quelque façon que ce soit. Je sais que de nombreuses et belles initiatives existent sur le diocèse. Ne laissons pas passer ce dimanche qui clôture l’année liturgique sans essayer de mettre en pratique les recommandations de Jésus  : donner à manger, à boire, partager des vêtements, rompre des solitudes (ne serait-ce que par téléphone ou, quand cela est possible, par des visites), offrir du respect, se laisser toucher par les plus pauvres. Là encore, je vous encourage à faire connaître vos différentes initiatives, soit à la même adresse mail (lapremiereenchemin@adm13.fr), soit sur le site du Service diocésain de la solidarité où vous trouverez tous les renseignements nécessaires (www.solidarite-catholique-marseille.com). «  Pour réconcilier le monde, n’emportez que l’amour !  »

Prier ensemble

Et en fin de journée, si vous le voulez bien, en ce dimanche du Christ-Roi qui, cette année, suivra tout juste la fête de la Présentation de Marie au Temple (21 novembre), je vous invite à prendre tous ensemble un temps de prière mariale. À 17h, je me rendrai à Notre-Dame de la Garde pour une méditation du chapelet en communion avec vous tous et avec tout le peuple de notre diocèse. Cette prière sera retransmise sur le site du diocèse et sur les ondes de Dialogue-RCF. Partout, les cloches de nos églises sonneront pour nous appeler à la prière. Je vous invite à vous joindre à cette méditation depuis chez vous, ou bien dans la rue, ou bien dans une église, ou bien à proximité des divers sanctuaires mariaux du diocèse. Si vous le souhaitez, allumez une bougie ou un flambeau. Il ne s’agit pas de faire nombre, mais d’être signe.

J’ai demandé aux communautés contemplatives du diocèse de se joindre à nous. Je sais que de nombreuses personnes malades, dans les hôpitaux ou les EHPAD, seront en communion avec nous, ainsi que la communauté chrétienne qui est aux Baumettes ou à la prison pour mineurs. Le chapelet est une prière toute simple, accessible, profondément ancrée dans le Mystère du Christ.

C’est la prière des pauvres, une prière qui nous permet de confier à la Vierge Marie les peines et les joies, les détresses et les espoirs de tout le peuple qui vit à Marseille et dans notre diocèse.

Ainsi, chers frères et sœurs, en dépit de toutes les contraintes et de tous nos soucis, cette année liturgique si particulière se terminera dans un sursaut de foi, de charité et d’espérance. Car faire mémoire est un acte de foi, servir un acte de charité, et prier un acte d’espérance. À l’aube d’une nouvelle année liturgique, nous poursuivrons ainsi notre chemin marial et synodal à la suite de Marie, «  la première en chemin  ». À la fin du chapelet, du haut de la colline, je vous bénirai tous, de la part du Seigneur. N’ayons pas peur et restons en éveil   «  le Royaume de Dieu est là, tout près de nous !  »

+ Jean-Marc Aveline

« Tends ta main au pauvre »

Message du Saint-Père pour la Journée mondiale des pauvres le 15 novembre 2020 : « Tends ta main au pauvre ».

« Tends ta main au pauvre » (Si 7, 32). La sagesse antique a fait de ces mots comme un
code sacré à suivre dans la vie. Ils résonnent encore aujourd’hui, avec tout leur poids de
signification, pour nous aider, nous aussi, à concentrer notre regard sur l’essentiel et à
surmonter les barrières de l’indifférence. La pauvreté prend toujours des visages
différents qui demandent une attention à chaque condition particulière : dans chacune
d’elles, nous pouvons rencontrer le Seigneur Jésus qui a révélé sa présence dans ses
frères les plus faibles (cf. Mt 25, 40).

1. Prenons entre les mains le texte du Livre de Ben Sira, un des livres de l’Ancien Testament. Nous y trouvons les paroles d’un maître de sagesse qui a vécu environ deux cents ans avant le Christ. Il était en recherche de la sagesse, celle qui rend les hommes meilleurs et capables de scruter à fond les événements de la vie. Il le faisait à un moment de dure épreuve pour le peuple d’Israël, un temps de douleur, de deuil et de misère, à cause de la domination de puissances étrangères. Étant un homme de grande foi, enraciné dans les traditions des pères, sa première pensée était de s’adresser à Dieu pour lui demander le don de la sagesse. Et l’aide du Seigneur ne lui manqua pas.

Dès les premières pages, le Livre de Ben Sira donne des conseils sur de nombreuses situations concrètes de la vie, et la pauvreté en est une. Il insiste sur le fait que, dans le besoin, il faut avoir confiance en Dieu : « Ne t’agite pas à l’heure de l’adversité. Attache-toi au Seigneur, ne l’abandonne pas, afin d’être comblé dans tes derniers jours. Toutes les adversités, accepte-les ; dans les revers de ta pauvre vie, sois patient ; car l’or est vérifié par le feu, et les hommes agréables à Dieu par le creuset de l’humiliation. Dans les maladies comme dans le dénuement, aie foi en lui. Mets ta confiance en lui, et il te viendra en aide ; rends tes chemins droits, et mets en lui ton espérance. Vous qui craignez le Seigneur, comptez sur sa miséricorde, ne vous écartez pas du chemin, de peur de tomber. » (2, 2-7).

Lire le message

« Béatitudes 2020 », éclairage du P. Vincent Klein sj

Un profond silence se répand comme une huile sur la plaie béante offerte au soin de tes mains délicates et expertes.
Dans l’anfractuosité des cœurs brisés s’éprouve l’indigence où Tu prononces une seule parole : heureux !

L’humanité pleure, sidérée par la violence fanatique, la solitude de l’abandon et la détresse de la mort innocente.
Et Toi, tu viens t’asseoir discrètement à nos côtés, présence consolante qui murmure dans la béance de l’orifice : heureux !

La haine et la vengeance défigurent l’humanité, la douceur et la bonté ressemblent à des épées de bois.
Toi pourtant, tu nous redis la folle promesse d’une terre : heureux !

Des années de colère refoulée devant tant de souffrance et d’injustice mettent l’estomac en boule.
Mais Toi, faisant fi de la faim et la soif, tu nous conduis vers la source : heureux !

Même si justice est faite, comment pardonner ? Toi, tu nous invites à refuser la haine et à garder nos maisons pauvres et accueillantes.
À travers nos frères, tu viens à notre rencontre : heureux !

Une orgie d’images de chair et de sang déferle sur nos écrans et des torrents de paroles futiles. Elles sont autant d’invitations à prendre le maquis…
Et là, comme à Job, Tu nous donnes de contempler la création : heureux !

Ton feu dévorant nous pousse à nouveau, dérisoires bâtisseurs de ponts aux mains nues, à construire des chemins de paix.
Peu à peu, mystérieusement, nous devenons frères, fils d’un unique Père : heureux !

Alors, au-delà des persécutions, des insultes ou des condamnations, Tu nous redis, si nous nageons à contre-courant, le chemin de la joie pascale. Elle plonge ses racines dans le silence d’où jaillit une parole que les larmes ont polie : heureux !

P. Vincent Klein sj