Entrer en Avent

Entrer en Avent, c’est accepter de n’être plus ce petit soldat qui court sur son rempart intérieur pour colmater chaque brèche des murailles.

Entrer en Avent, c’est consentir à entrer dans le vrai mouvement de la vie spirituelle : celui d’être là, pour accueillir la vie qui vient, Dieu lui-même. Et ne pas vouloir être le maître de ce mouvement-là.

Entrer en Avent, c’est se savoir profondément travaillé à l’intime de soi, mystérieusement attiré par un appel à naître et à renaître.

Entrer en Avent, c’est n’être ni rassasié ni repus, mais se mettre à l’écoute de ce qui murmure – ou crie – au fond de soi et appelle à se dire.

Entrer en Avent, c’est Le regarder venir et s’approcher, avoir le visage, le cœur et l’être tournés vers cette rencontre, la découvrant comme la rencontre la plus importante de son existence.

Entrer en Avent, c’est demeurer à cette place-là, et ne pas s’y dérober au nom de fausses urgences et de gratifiantes sollicitations.

Entrer en Avent, c’est rassembler ce qu’il faut au seuil de l’hiver, pour les grandes traversées intérieures qui de Noël à Pâques, conduisent aux vrais passages.

Entrer en Avent, c’est accepter de tâtonner parfois dans l’obscurité, et de marcher vers l’étoile sans se tromper de lumière dans la nuit froide et clinquante de décembre.

Entrer en Avent, c’est refuser d’avoir une « âme habituée », ne se décourager ni de soi, ni des autres, ni de Dieu, se réjouir d’être en route et découvrir qu’on n’y est pas seul.

Entrer en Avent, c’est laisser ce qui encombre et alourdit la vie et le cœur, pour ne garder que l’essentiel, les vrais trésors, demain, à offrir au Roi.

Entrer en Avent, c’est ne pas se désoler de savoir si peu et si mal aimer, mais se réjouir profondément d’être sans cesse rattrapé par un amour étonnamment capable de faire battre de manière plus juste et vraie le cœur de sa vie.

Entrer en Avent, c’est faire aujourd’hui ce que l’on peut, savoir que le reste ne nous appartient pas, et que l’essentiel nous sera donné.

P. François Boedec sj,

L’Avent à notre porte

Un parcours vers Noël pour les familles proposé par les jésuites
Les jésuites vous proposent un parcours vers Noël au rythme des dimanches de l’Avent, à vivre à la maison, en familleConcrètement chaque semaine, deux temps en famille seront proposés sous la forme de deux feuillets envoyés le jeudi.
Pour recevoir la proposition par mail chaque semaine, 1er envoi jeudi 26 novembre, cliquez sur l’image et suivre les indications

Pour recevoir la proposition par mail chaque semaine, 1er envoi jeudi 26 novembre, cliquez sur l’image


Message de Mgr Aveline: dimanche du Christ Roi

Le Royaume de Dieu est là, tout près de nous

Chers amis,
Bien que nous soyons encore confinés, nous allons célébrer ce dimanche la solennité du Christ-Roi, dernière étape de cette année liturgique décidément pas comme les autres !

Et pourtant, à travers les vicissitudes et les incertitudes de cette période, le Royaume de Dieu a continué de germer et de croître : nous en avons souvent été les témoins émerveillés  ! Je me souviens d’un tropaire de l’abbaye de Tamié :

«  Ouvriers de la paix, la moisson vous attend ! Pour réconcilier le monde, n’emportez que l’amour. À ceux qui vous accueillent, comme à ceux qui vous chassent, annoncez la nouvelle : le Royaume de Dieu est là, tout près de vous !  »

Pour nous aider à vivre ce que l’Église nous propose en ce jour, je vous invite à une triple démarche : de relecture, de service et de prière.

Faire mémoire de l’année écoulée

Puisque cette année s’achève, je vous suggère, à partir de ce dimanche et tout au long des semaines qui viennent, de faire mémoire de ce qu’elle fut pour chacun de nous, pour nos familles, nos collègues de travail, nos diverses relations, nos communautés, et pour notre diocèse. Prenons le temps de nous asseoir, de relire ce qui s’est passé, de réfléchir à ce qui nous est arrivé. Il y eut sans doute de beaux moments et d’heureux événements ! Et puis il y eut ce virus et son cortège de peurs, de douleurs, de solitudes, d’incompréhensions, de colères, de doutes… Encore aujourd’hui, nous nous sentons comme «  englués  » dans une étrange torpeur faite d’incertitude et de désarroi. Et cependant, nous avons tous été témoins de belles choses cette année : des élans de solidarité, des merveilles de charité, des dévouements admirables, des gestes inédits de fraternité. Comme au temps où nos pères erraient dans le désert, Dieu n’a pas abandonné son peuple ! «  Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis et je veillerai sur elles. […] J’irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de nuages et de sombres nuées  » (Ez. 34, 11-12).

Prenons donc le temps de relire le chemin parcouru cette année, avec ses joies et ses peines. Prenons le temps d’écrire, de rendre grâces, de partager avec nos proches comme dans de petits cénacles, avec l’aide de la Parole de Dieu. Faire mémoire  : ce fut toujours le conseil de Dieu à son peuple, afin qu’en se souvenant de la présence de l’Esprit au milieu des événements de la vie, il puisse continuer son chemin et grandir dans la foi. Faire mémoire ensemble : c’est ainsi que commence tout chemin synodal. «  Quant à Marie, elle conservait avec soin tous ces événements, les méditant en son cœur  » (Lc 2, 19) : voilà pourquoi toute démarche synodale est profondément mariale.

Dans les groupes auxquels vous appartenez déjà (familles, communautés, paroisses, services, mouvements, etc.), n’hésitez pas à prendre, dans les semaines qui viennent, une ou plusieurs séances pour faire ce travail. Et si vous n’avez pas de groupes, créez le vôtre, avec des voisins, des amis, des personnes avec qui vous partagez l’expérience de la vie, même si elles ne partagent pas tout à fait votre foi !

Tout au long de l’Avent, le Service diocésain de la vie spirituelle nous fournira quelques supports et quelques suggestions. Quand vous aurez fait ce travail de relecture et de partage, je vous encourage à communiquer vos réflexions pour que nous apprenions à scruter ensemble l’œuvre de l’Esprit dans nos vies et dans la société. Une adresse est à votre disposition : lapremiereenchemin@adm13.fr«  Ouvriers de la paix, la moisson vous attend !  »

Prendre le tablier de service

Ce dimanche, nous ne pourrons pas encore nous réunir pour célébrer l’eucharistie. Croyez bien que je le regrette très profondément. Que cela nous stimule pour mettre davantage en pratique la Parole de Dieu ! Or l’Évangile que la liturgie de l’Église nous propose de méditer en ce jour du Christ-Roi est celui du jugement dernier  : «  Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait  », dit le Seigneur (Mt 25, 40). Alors je vous propose quelque chose de très simple : dimanche, prenons le tablier de service  ! Rejoignons, par exemple, les lieux où depuis plusieurs semaines déjà, sont organisés des services de petit déjeuner pour les personnes qui dorment dans la rue. Dimanche dernier, j’ai pu y participer devant l’église Saint-Ferréol, sur le Vieux-Port. Dimanche prochain, plusieurs lieux sont prévus là où sont les plus pauvres. Renseignez-vous pour savoir où aller et ce que vous pouvez faire, de quelque façon que ce soit. Je sais que de nombreuses et belles initiatives existent sur le diocèse. Ne laissons pas passer ce dimanche qui clôture l’année liturgique sans essayer de mettre en pratique les recommandations de Jésus  : donner à manger, à boire, partager des vêtements, rompre des solitudes (ne serait-ce que par téléphone ou, quand cela est possible, par des visites), offrir du respect, se laisser toucher par les plus pauvres. Là encore, je vous encourage à faire connaître vos différentes initiatives, soit à la même adresse mail (lapremiereenchemin@adm13.fr), soit sur le site du Service diocésain de la solidarité où vous trouverez tous les renseignements nécessaires (www.solidarite-catholique-marseille.com). «  Pour réconcilier le monde, n’emportez que l’amour !  »

Prier ensemble

Et en fin de journée, si vous le voulez bien, en ce dimanche du Christ-Roi qui, cette année, suivra tout juste la fête de la Présentation de Marie au Temple (21 novembre), je vous invite à prendre tous ensemble un temps de prière mariale. À 17h, je me rendrai à Notre-Dame de la Garde pour une méditation du chapelet en communion avec vous tous et avec tout le peuple de notre diocèse. Cette prière sera retransmise sur le site du diocèse et sur les ondes de Dialogue-RCF. Partout, les cloches de nos églises sonneront pour nous appeler à la prière. Je vous invite à vous joindre à cette méditation depuis chez vous, ou bien dans la rue, ou bien dans une église, ou bien à proximité des divers sanctuaires mariaux du diocèse. Si vous le souhaitez, allumez une bougie ou un flambeau. Il ne s’agit pas de faire nombre, mais d’être signe.

J’ai demandé aux communautés contemplatives du diocèse de se joindre à nous. Je sais que de nombreuses personnes malades, dans les hôpitaux ou les EHPAD, seront en communion avec nous, ainsi que la communauté chrétienne qui est aux Baumettes ou à la prison pour mineurs. Le chapelet est une prière toute simple, accessible, profondément ancrée dans le Mystère du Christ.

C’est la prière des pauvres, une prière qui nous permet de confier à la Vierge Marie les peines et les joies, les détresses et les espoirs de tout le peuple qui vit à Marseille et dans notre diocèse.

Ainsi, chers frères et sœurs, en dépit de toutes les contraintes et de tous nos soucis, cette année liturgique si particulière se terminera dans un sursaut de foi, de charité et d’espérance. Car faire mémoire est un acte de foi, servir un acte de charité, et prier un acte d’espérance. À l’aube d’une nouvelle année liturgique, nous poursuivrons ainsi notre chemin marial et synodal à la suite de Marie, «  la première en chemin  ». À la fin du chapelet, du haut de la colline, je vous bénirai tous, de la part du Seigneur. N’ayons pas peur et restons en éveil   «  le Royaume de Dieu est là, tout près de nous !  »

+ Jean-Marc Aveline