Jésus, maître de la vie
A l’époque de Jésus, il y avait
beaucoup de guérisseurs, d’exorcistes, de prophètes. Pourtant Jésus ne fait pas
nombre avec eux. Cette différence ne se situe pas seulement dans le mode
opératoire mais aussi dans la référence de l’acte.
Les possessions n’étaient pas que
des problèmes psychiatriques mais comportent aussi un côté mystérieux qui est
une forme de cristallisation des oppressions subies et de la part des romains,
et de la part des autorités religieuses et enfin d’un système inégalitaire
homme-femme. Bref, ces oppressions étaient classées dans la catégorie des
possessions par les forces du mal, dont il faut s’en débarrasser par
l’exorcisme.
Les exorcistes du temps de Jésus utilisaient
des amulettes, de l’encens, des cheveux, du lait de femme et aussi des
incantations aux divinités diverses et variées allant des plus sympathiques à
celles des plus effrayantes. C’est ainsi que les gens pensaient que Jésus était
possédé par le démon BelZéBoul.
Jésus, dans ses exorcismes, ne fait appel à
aucune divinité, même pas à son père. Autant pour les guérisons ou la
multiplication des pains, il bénit son
père ou lève ses yeux vers le ciel. Autant à tous les exorcismes il ne fait que
commander directement le démon pour qu’il sorte. Dans le passage d’aujourd’hui,
St Marc précise que Jésus parle avec autorité.
Qu’est-ce à dire parler avec autorité ?
Certainement pas avec autoritarisme, par abus du pouvoir que son père lui a
conféré. L’autorité, dans le sens biblique du terme, veut dire être auteur de
la vie. Et si Jésus parle avec autorité c’est parce que, avec son Père, il est
co-auteur de la vie qui coule en nous. La possession est une situation où la
vie est menacée, empêchée par le démon. Jésus les chasse pour libérer la vie
aux possédés. Et cette opération peut comporter des soubresauts comme nous le
voyons ici car le démon tient à celui qu’il possède et son départ demande
parfois un arrachement.
En quoi ce passage d’Evangile nous concerne
aujourd’hui ? A première vue nous pouvons parler d’attachements
désordonnés dont le détachement peut être douloureux. Il y a des attachements
flagrants comme les addictions à l’alcool, à la drogue mais il y a aussi à
Internet et autres écrans. Mais il y en a qui sont plus sournois comme
l’habitude, l’accoutumance, le train train de la vie. Nous ne sommes pas à une
contradiction près : autant nous n’aimons pas les trains trains de la vie,
autant quand on nous change les choses nous ne sommes plus contents, comme si
nous sommes attachés au train train.
Toujours est-il que nous avons besoin d’une parole d’autorité pour nous libérer de nos attachements, y compris, surtout de ceux dont nous n’avons pas conscience. Mais c’est quoi une parole d’autorité. C’est une parole qui nous rejoint au plus profond de nous-mêmes, là où Dieu a déposé la source de vie en nous, pour la réveiller, la mettre en mouvement. Cela peut arriver dans un temps de prière mais aussi à la croisée d’un chemin, au détour d’une conversation, au cœur d’un événement car Dieu vient toujours à l’improviste. A chaque passage, nous devenons un peu plus vivant, plus libéré, plus créatif.
Prions en cette Eucharistie pour que nous sachions toujours accueillir une parole d’autorité qui vient de Dieu, en passant parfois par un autre, un proche comme un étranger. Prions aussi pour que nous soyons aussi porteur de parole d’autorité pour les autres qui libère, rend plus vivant et plus solidaire entre frères.
François-Xavier
LE VAN