Formations 2021-2022

Groupe de lecture
« Jésus, approche historique de José Antonio Pagola »

Qui était Jésus ? Science et humilité sont les combinaisons que José Antonio PAGOLA, professeur de christologie à Vitoria (Espagne) a su donner à son ouvrage qui est à la portée de tous, ce que la recherche peut dire avec certitude sur Jésus. Une étude qui devrait conforter et ajuster la foi qui devient vivante.
Méthodologie :
A chaque séance, deux personnes du groupe vont présenter un résumé d’un des 15 chapitres du livre.
Ils souligneront ce que cette lecture leur a apporté, et soulèveront les questions qu’elle leur pose.
Un échange entre les participants qui auraient lu aussi le même chapitre permettra à chacun de bénéficier d’une recherche de groupe et enrichir leur rapprochement de Jésus ?
Fréquence des rencontres : tous les premiers mercredis du mois.
Première rencontre : 6 octobre à la salle de réunions du presbytère de St-Cannat de 18h45 – 20h15.
François-Xavier LE VAN, sj

PARTAGE D’EVANGILE

Pendant l’Avent et le Carême, se préparer aux fêtes de Noël et de Pâques.
Prendre le temps d’échanger autour de l’évangile qui sera lu le dimanche suivant.
Les jeudis soir de 19h00 à 20h00
en video-conférences (lien fourni sur demande : stfe.marseille@gmail.com)
Sr Henriette KABORE, J.-Pierre MATTHIEU & Steves BABOORAM, sj

PARCOURS BIBLIQUE DIOCESAIN : LAUDATO SI’
Pourquoi un parcours biblique sur « Laudato Si’ » ?

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Aujourd’hui le défi écologique est de taille et des solutions doivent être cherchées. Pour guider notre action, la soutenir, l’orienter, la Bible s’offre comme une ressource, un aiguillon, un horizon. Elle nous donne aussi à redécouvrir toujours autrement un Dieu qui se révèle à travers sa création.
Lire la Bible avec le prisme d’une écologie intégrale nous permettra également de découvrir à nouveaux frais le visage d’un Dieu créateur et son dessein pour l’homme.

  • Dire Dieu créateur signifie en effet bien autre chose qu’un Dieu qui crée l’univers comme un décor de théâtre pour l’homme. La création est l’expression de l’amour de Dieu pour les hommes, un acte de salut qui libère.
  • Le rôle du Christ, Verbe de Dieu, en qui et par qui cette création subsiste, dessine pour nous l’horizon d’une communion complète en Dieu.
  • L’Esprit qui « plane sur les eaux » n’est pas une sacralisation des éléments qui mènerait à une divinisation de la nature, en affirmant que Dieu est présent dans l’arbre ou le rocher. Mais il est le dynamisme vivant d’un monde sans cesse en devenir, d’un enfantement que nous partageons avec ce monde.
    La conversion écologique intégrale, prônée par le pape François, ira alors jusqu’à la conversion de notre propre regard sur Dieu.
    Vendredi 8 octobre de 18h45 à 20h15 avec Christian BARDET, sj
    (Lieu : Salle de réunions, presbytère de Saint-Cannat – 2ème vendredi du mois)
    Jeudi 14 octobre de 15h00 à 16h30 avec Paul BONY, sulpicien (Lieu : église St-Ferréol – 2ème jeudi du mois)
    Mardi 26 octobre de 12h45 à 14h15 avec Steves BABOORAM, sj
    (Lieu : église St-Ferréol – 4ème mardi du mois)
    Les inscriptions aux formations peuvent se faire :
    • Par e-mail : stfe.marseille@gmail.com
    • Par téléphone : 04 91 90 44 18
    • Au bureau d’accueil sur la feuille prévue à cet effet
    N.B. Le presbytère de St-Cannat se trouve au 4, rue des

ATELIER : « GOUVERNANCE DE L’EGLISE ET SYNODALITE »

Ce groupe de travail préparera les participants à suivre le synode des évêques d’octobre 2022 sur la « synodalité ». Il examinera d’abord des pratiques de l’Eglise qui posent problème, cléricalisme, abus, corruption. Il étudiera ensuite le nécessaire renversement de la théologie vers la communion et la miséricorde. Il tentera enfin de dessiner ce que serait une Eglise synodale. Ce groupe mensuel travaillera à partir de textes qui seront commentés et débattus. Il demande un travail préalable, une assiduité et une pré-inscription auprès de l’animateur : (pierre.decha@jesuites.com). Une fois par mois, le vendredi à 18h45.
Première rencontre : 22 octobre. Pierre de CHARENTENAY, sj

SEMAINE DE PRIERE ACCOMPAGNEE

Sept jours avec la Parole de Dieu ! Du dimanche 1 er mai au samedi 7 mai 2022
Je désire … Vivre un temps fort – une mission – en lien avec mon église habituelle ;
Prier personnellement mais je ne sais pas trop comment faire…
Approfondir ma prière et être aidé·e dans ce sens ;
Rencontrer le Christ dans sa Parole ; Réveiller ma vie spirituelle
Une démarche spirituelle adaptée des Exercices Spirituels de saint Ignace de Loyola Une proposition faite avec le SDVS, service diocésain de la vie spirituelle.
Michel JOSEPH, sj et équipe

ATELIER : « JESUS DÉLIVRE, LIBÈRE ET GUERIT. »

Dans un temps où la foi est mise en doute, où les membres de l’Eglise sont difficiles à atteindre et où la curiosité demeure, il est fréquent que l’on frappe à des portes sans imaginer jusqu’où elles peuvent nous entraîner. C’est souvent que les gens viennent après bien des expériences difficiles, quelques fois désastreuses, frapper chez un représentant de l’Eglise pour demander de l’aide, quelquefois sous forme de SOS urgent. Comment recevoir et écouter ces personnes en difficulté ? Au cours de ces rencontres, certains besoins peuvent se révéler qui vont faire appel à l’exorcisme. Lors de cette écoute, on peut proposer délivrance, libération et guérison. Comme ce genre de prière n’est pas magique, il faut l’engagement de la personne, elle-même qui doit prendre ses décisions grâce au discernement spirituel. Cet atelier a comme objectif de présenter les dérives sectaires et leurs dangers pour les croyants ainsi qu’une meilleure approche de la question de l’exorcisme et du triptyque « délivrance, libération et guérison » sans oublier la dimension du combat intérieur qui est bien présente dans cette démarche. C’est un parcours de trois séances qui pourrait être prolongé à partir des interrogations et propositions émanant des participants eux-mêmes au fil des échanges.
Rendez-vous
à la salle de réunions du presbytère de St-Cannat de 18h45 à 20h15
les mardi 19 octobre, 16 novembre et 14 décembre.

Vincent de MARCILLAC, sj

LES CAFES SPIRITUALITE

Echanger dans la convivialité sur la manière de conduire sa vie spirituelle en lien avec les événements de la cité, du monde et de l’Eglise.
Chaque 3ème jeudi des mois d’octobre 2021 à juin 2022, de 13h00 à 14h00 à Saint-Ferréol après la messe de 12h30.
Sr Henriette KABORE et M. Jean-Pierre MATTHIEU

« Bonne année pastorale à tous »: Mgr Jean-Marc Aveline

Seigneur, à qui irions-nous?
Jésus parlait depuis un bon bout de temps. Depuis qu’il avait multiplié les pains sur la montagne, on sentait bien qu’il ne voulait pas qu’on le confonde avec l’un de ces thaumaturges présents dans la région, tout juste bons à opérer quelques prodiges et quelques guérisons. Il avait quelque chose d’important à dire. D’important et de pas facile. Car on avait tôt fait de projeter sur lui des rêves, de vouloir le faire roi et de se servir de lui pour se libérer de l’occupant romain ou pour obtenir des places de choix dans le gouvernement du monde. Alors, pour échapper à la foule et à ses mauvaises intentions, Jésus était parti seul, sur la montagne, pour prier son Père. Il faisait déjà nuit quand, marchant sur l’eau, il avait rejoint les disciples alors qu’ils voguaient vers Capharnaüm, sur l’autre rive.

Le lendemain, les foules les avaient rejoints, étonnées qu’il ait pu leur échapper et avides de bénéficier d’un autre miracle. Et c’est là que ça avait dérapé. Jésus, revenant sur la multiplication des pains, avait tenté d’expliquer que le vrai pain de Dieu qui descend du ciel et qui donne la vie au monde, c’était lui-même, en chair et en os, et que ce qu’il demandait à la foule, c’était de croire en lui car il était l’envoyé de Dieu. La discussion s’était engagée, d’abord courtoise, puis méfiante : comment peut-il oser dire des choses pareilles, surtout ici, à Capharnaüm, où nous connaissons bien son père, sa mère et toute sa famille ? Et Jésus, mendiant leur foi plutôt que leur admiration, en rajoutait : « C’est moi le pain de vie ; celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim, celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif » (Jn 6, 35). Mais eux, qui étaient sûrs de bien connaître « le fils de Joseph » (6, 42), ne comprenaient plus ce qu’il voulait dire : «  Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger  » (6, 52) ?

Alors, les uns après les autres, ne cachant pas leur déception, les gens étaient partis, sur la pointe des pieds. Même ses disciples reconnaissaient que ce discours était rude (6, 60) et, dans leurs rangs aussi, beaucoup partaient. Ce qui est remarquable, à la lecture de ce texte, c’est que Jésus n’essaie pas de les retenir. Il laisse faire son Père, de qui il tient sa mission : « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire  » (6, 44). C’est dans le Père seul que se trouve le mystère de la liberté humaine qui décide d’accueillir ou de rejeter le Fils. Celui-ci ne peut que solliciter la foi, et non pas la forcer. « Alors Jésus dit aux Douze : “voulez-vous partir, vous aussi” » (6, 67) ? Pierre, peut-être après avoir surmonté son propre débat intérieur, avait alors répondu, au nom de tous : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (6, 68).

En relisant ces pages johanniques avec lesquelles la liturgie de l’Église a rythmé nos dimanches d’été, il m’a semblé qu’elles pouvaient nous aider à vivre cette rentrée en nous recentrant sur l’essentiel : l’acte de foi envers notre Seigneur Jésus-Christ. Comme tous nos concitoyens, nous sommes assaillis de multiples motifs d’inquiétude, de lassitude ou d’incompréhension. J’en énumère quelques-uns, ayant surgi plus fortement cet été, sur fond de crise sanitaire interminable et toujours préoccupante, y compris par les inévitables ambiguïtés des solutions que les États s’efforcent d’y apporter.

Il y a les soucis qui concernent l’avenir de notre planète : d’incendies immaîtrisables en inondations dévastatrices, illustrant dramatiquement le rapport alarmiste du GIEC, nous comprenons mieux l’urgence de mettre en œuvre les conseils de Laudato si’, sans céder pour autant aux mirages d’idéologies écologiques qui laissent entendre que le meilleur moyen pour sauver la planète serait d’en éliminer l’humanité. C’est là que notre acte de foi est sollicité. Croire en Jésus-Christ, c’est croire en la confiance de Dieu en l’humanité, en la responsabilité qu’il lui confie, en l’avenir qu’il lui promet. « Voulez-vous partir, vous aussi  », vers des horizons nihilistes ? Je mets solennellement en garde les jeunes qui peuvent se laisser égarer par ces messages sibyllins, dangereux et mortifères. Aux chrétiens de défendre, avec d’autres humanistes, une écologie « intégrale », responsable et humaine ! C’est ce que nous essaierons de proposer et d’expliquer lors du Congrès de l’UICN, dans quelques jours, tout en recueillant, grâce aux multiples propositions de ce Congrès en faveur de la biodiversité, des idées pour que notre Église diocésaine donne l’exemple en ce qui concerne le respect de la Création et la responsabilité de l’humanité.

Autre motif d’inquiétude : la dégradation des conditions de vie chez les peuples les plus pauvres. Le séisme meurtrier qui a frappé Haïti, après des années de crises politiques à répétition, a mis en évidence non seulement l’extrême pauvreté d’une population laissée à elle-même, mais aussi la prolifération, sur la misère des pauvres, de réseaux mafieux en tous genres, empêchant l’acheminement des aides, faisant régner la terreur par des enlèvements, des barrages et d’autres exactions. Les Pères de Saint-Jacques, présents dans notre diocèse, en savent quelque chose ! Cette dégradation inquiétante se retrouve en bien d’autres pays. Je ne citerai que le Liban, que l’explosion a fissuré en profondeur il y a un an et qui ne parvient pas à retrouver son élan, victime lui aussi de mafias puissantes soutenues par des États hostiles. Défiguré et abasourdi, le Liban est en train de sombrer. Sous les traits épuisés d’une Haïtienne mendiant de l’eau ou d’un Libanais criant famine, regarde bien et tu découvriras le visage du Crucifié. « Voulez-vous partir, vous aussi », et regarder ailleurs pendant que les pauvres meurent ?

Permettez-moi d’ajouter un autre motif d’inquiétude, plus près de chez nous. Là encore, ce sont des mafias. Celles de Libye, déguisées en « Garde-Côtes libyens » pour mieux piéger les migrants et en faire des esclaves, des prisonniers détenus en camps de concentration, voire supprimés pour trafic d’organes. Et l’Europe, qui a besoin de ces mafias pour la sécurité des champs pétrolifères libyens, ferme les yeux… Et puis il y a ces mafias qui sévissent chez nous, à Marseille, transformant la jeunesse des quartiers pauvres en chair à canons pour trafics en tous genres : armes, drogues, prostitution, etc. Quand j’étais enfant, nous habitions à Saint-Barthélemy, dans une cité HLM pour agents de la SNCF. Les cités avoisinantes avaient des noms poétiques : Font-Vert, de l’autre côté de la voie ferrée, La Busserine, de l’autre côté du grand rond-point, La Marine Bleue et la Marine Blanche, de l’autre côté du Chemin de Sainte-Marthe, et enfin Les Rosiers, près des Marronniers, derrière le supermarché Casino. Mon père, membre des Conférences Saint-Vincent-de-Paul, allait régulièrement distribuer des colis alimentaires dans chacune de ces cités, déjà pauvres mais pas encore gangrénées. Aujourd’hui, ces noms poétiques sont ensanglantés, les cités sont devenues des ghettos et, dans les autres quartiers de la ville, l’indifférence étouffe l’indignation.

Que nous est-il arrivé ? Pourquoi et comment les forces de mort ont-elles pris autant de pouvoir ? À quand un soutien plus fort et plus efficace de la part des collectivités territoriales et de l’État ? Il y a urgence ! Marseille, réagis ! C’est tes minots qu’on assassine ! Je sais le précieux travail des associations, des clubs sportifs, des centres aérés et aussi des communautés chrétiennes, petites mais actives et fidèles. À la question de Jésus « Voulez-vous partir vous aussi », je sais qu’elles répondent comme Pierre, avec confiance et courage. La visite pastorale que j’effectue actuellement dans le secteur Nord m’en donne d’édifiants exemples.

L’Église n’a pas la réponse à tous ces problèmes. Elle n’a pas la réponse, mais elle sait en qui elle a mis sa confiance. Elle est au Christ, et le Christ est à Dieu ! À chaque époque de son histoire, tiraillée par les inquiétudes, rongée par les lassitudes, décontenancée par les incertitudes du monde où elle vit, elle tente de suivre le Christ et d’annoncer son Évangile, dans la vérité, le dialogue et la simplicité. Comme jadis à Capharnaüm, croire au Christ n’est pas chose facile. Les questions et les contradictions ne manquent pas. Nous avons besoin d’aide mutuelle pour nous aider à croire, à comprendre ce que l’on croit et à agir selon cette foi. C’est pour cela que j’ai décidé la création, dans notre diocèse, d’une École cathédrale, comme vous pourrez le lire dans les pages suivantes.

Les semaines qui viennent nous offriront de multiples occasions de réflexion, de célébration et d’action, depuis le Congrès de l’UICN (début septembre) jusqu’à la rencontre Fratello (journée mondiale des pauvres, mi-novembre), en passant par le Congrès Mission (début octobre), l’assemblée synodale (mi-octobre) et le rassemblement de la famille ignatienne (fin octobre). Ne manquons pas ces rendez-vous, mais gardons bien l’essentiel : le lien avec Jésus, le «  pain vivant » qui est « descendu du ciel » pour dire aux hommes de quel amour Dieu les aime et pour solliciter de leur part, avec l’aide de sa grâce, un pauvre acte de foi qui ne demande qu’à se déployer en espérance et en charité. « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » !

Bonne année pastorale à tous !

+ Jean-Marc Aveline
24 août 2021

Marseille: « Plus qu’une ville, un message » Mgr Aveline

En rentrant du pays du Cèdre, le pape Jean-Paul II avait lancé : « Le Liban est plus qu’un pays, c’est un message !  » Au moment où les regards se tournent vers Marseille, à l’occasion du Congrès mondial de la nature, organisé par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), permettez-moi d’oser dire la même chose à propos de ma chère cité phocéenne : Marseille est plus qu’une ville : c’est un message ! Un message où la détresse se mêle à l’espérance.
La détresse, parce que Marseille est blessée dans sa chair. Sous nos yeux, des mafias meurtrières et sans scrupule transforment la jeunesse des quartiers pauvres en chair à canon pour trafics en tous genres : armes, drogues, prostitution, etc. Cet été, la liste des morts, de plus en plus jeunes, s’est dramatiquement allongée et des populations entières se sont retrouvées prises au piège de leur environnement. Quand j’étais enfant, nous habitions les Quartiers Nord, à Saint-Barthélemy, dans une cité HLM pour agents de la SNCF. Les cités avoisinantes avaient des noms poétiques : Font-Vert, La Busserine, La Marine Bleue et La Marine Blanche, Les Rosiers et les Marronniers. Aujourd’hui, ces noms poétiques sont ensanglantés, les cités sont devenues des ghettos et depuis longtemps, dans les autres quartiers de la ville, l’indifférence a étouffé l’indignation. Marseille reste fière mais elle est meurtrie : d’un côté, elle continue de sourire pour charmer les touristes et se distraire au Stade ; de l’autre, elle s’enfonce dans la violence et pleure sa jeunesse. À quand un réveil des consciences ? Pourquoi et comment les réseaux de trafic ont-ils pris autant de pouvoir, narguant la République, ses lois et sa justice ? Jusqu’à quand les consommateurs de stupéfiants ne comprendront-ils pas la complicité qu’ils entretiennent avec les réseaux de la mort ? Marseille, certes, a besoin de moyens que seul l’État peut lui donner. Mais tous les moyens du monde ne sauraient suffire si les consciences ne se réveillent pas.

Comme archevêque de Marseille, je veux cependant croire que les consciences ne sont pas irrémédiablement endormies ou anesthésiées. Comme le Liban, cette ville est riche d’une étonnante capacité d’espérance, envers et contre tout. Tel est l’autre message de Marseille : rien n’est jamais perdu, pour peu qu’on ait du cœur ! Sillonnant la ville depuis des années, je sais le patient travail des associations de quartier, des clubs sportifs ou des centres sociaux. Je sais le dévouement de tant et tant d’enseignants, du privé et du public, au service de l’éducation des enfants des quartiers délaissés. En tant que responsable de la communauté catholique, je sais également le rôle précieux des communautés chrétiennes qui habitent ces quartiers, développent du soutien scolaire et accueillent les plus déshérités. Humblement mais résolument, des liens se tissent, j’en suis témoin, entre des croyants de religions différentes, qui prennent soin ensemble des plus pauvres et doivent parfois lutter, au sein même de leurs religions, contre les discours de division et d’exclusion. Mais je puis l’affirmer : l’espérance est invincible, quand elle est portée par des hommes et des femmes de bonne volonté, quelles que soient leurs religions ou leurs convictions. Et pour le chrétien que je suis, cette espérance n’est pas une illusion naïve, car elle procède de la Croix du Christ, mort pour tous afin que tous aient la Vie.

Marseille, as-tu du cœur ? Oui, je sais que tu en as, et bien plus que pour une célèbre partie de cartes ! Alors n’aie pas peur de reconnaître tes plaies et engage-toi à en combattre les causes. Car c’est en assumant sa vulnérabilité qu’on trouve le courage de son espérance. En accueillant le Congrès mondial de la nature chargé d’élaborer de nouvelles recommandations en faveur de la biodiversité en vue de la COP 15 en 2022, tu attires les regards du monde entier sur les rivages de la Méditerranée, cette mer qui a tissé ton histoire et te confie son avenir. Profite de cette opportunité pour te faire l’écho, non seulement de la clameur de la terre, mais aussi de la clameur des pauvres, d’une rive à l’autre de cette mer. Tu le sais d’expérience : rien ne sert de s’émerveiller devant la beauté de la nature si l’on ne sait pas s’indigner quand une vie humaine est bafouée. Je te dis tout cela, Marseille, non pas pour te donner des leçons, mais parce que je suis fier d’être Marseillais et que j’ai mal quand ma ville souffre ou est dénigrée.

Je te le dis, foi d’archevêque ! Marseille a une belle et grande mission. Plus qu’une ville, elle est un message pour le monde. Aidons-la à réussir et le monde réussira !

+ Jean-Marc Aveline
Archevêque de Marseille
31 août 2021