Quels sont les cris que nous entendons depuis des mois et des mois, sinon depuis ces derniers temps, qui expriment les différents maux – m.a.u.x. sous toutes ses formes ? D’ailleurs, certains pourraient dire, « pourquoi avoir illustré quelques-uns de ces maux ou de ces cris à travers ces photos comme toile de fond de notre crèche provençale ?
Cette période de Noël nous invite plus à émettre plutôt des cris de joie ! Des cris de joie comme celui d’un enfant qui va recevoir un beau cadeau tant espéré ou inattendu ! Comme cette dame de la rue portant un cadeau qui m’a dit dernièrement que cela faisait des années qu’elle n’avait rien reçu pour la fête de Noël. Ou alors ce papa que j’ai rencontré hier lors d’une messe de Noël que j’ai célébrée dans une maison de personnes âgées. Je l’ai vu heureux comme son fils d’ailleurs ; il ne l’avait pas revu depuis 6 ans !
C’est bien pour ces cris de joie, de reconnaissance, de solidarité et de fraternité que nous sommes aussi réunis ce soir en communauté de croyants célébrant l’Emmanuel, Dieu-avec-nous ! En même temps, ces cris de joie ne peuvent pas nous empêcher de penser à ces autres cris qui se veulent être aussi un « appel à l’amour ».
Dans les Exercices Spirituels de St Ignace, il nous est dit qu’Ignace propose au retraitant dans la contemplation du Mystère de l’Incarnation de s’arrêter sur les trois personnes divines, le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Et ces personnes regardent la surface de la terre et voient ce qui s’y passe : le chaos sous toutes ses formes : violence, guerres, divisions, mensonge, exploitation, injustice, etc…. Et elles décident que le Fils viendra sur terre pour sauver l’humanité entière.
« Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. » Jn 1, 14. C’est ce que nous avons cherché à traduire modestement à travers notre crèche de l’« Appel à l’amour » et la mise en scène pendant la veillée de Noël à laquelle nous venons de participer.
Saint Jean nous rappelle que Dieu est Amour et c’est par Amour que le Fils est venu dans notre monde pour nous sauver, nous libérer de tout ce qui nous empêche d’aimer et d’agir avec amour.
Mais Lui, Jésus, – Le Seigneur sauve -, quelle bonne nouvelle nous donne-t-il à travers sa naissance, Lui que nous contemplons dans une mangeoire à la crèche ? « Une étable est son logement. Un peu de paille est sa couchette. Pour un Dieu, quel abaissement, quel signe d’humilité ! » Chantons tous ensemble avec le p’tit-choeur, « Il est né le divin enfant »… !
Chers frères et soeurs, en ce soir de Noël, le signe que Dieu nous donne comme Bonne Nouvelle est bien celui de l’humilité et de la petitesse. Il se fait petit en venant changer le cours de l’histoire tout en apportant le salut.
Le pape Francois, dans la contemplation de la crèche, nous dit : « Dieu ne chevauche pas dans la grandeur, mais descend dans la petitesse. La petitesse est la voie qu’il a choisie pour nous rejoindre, pour toucher notre coeur, pour nous sauver… Laissons-nous traverser par cet étonnement scandaleux. Celui qui embrasse l’univers a besoin d’être tenu dans les bras. Lui, qui a fait le soleil, a besoin d’être réchauffé. La tendresse en personne a besoin d’être choyée. L’amour infini a un coeur minuscule, aux faibles battements.
La Parole éternelle est enfantine, c’est-à-dire incapable de parler. Le Pain de Vie doit être nourri. Le Créateur du monde est sans demeure. Aujourd’hui, tout est renversé : Dieu vient petit dans le monde. Sa grandeur s’offre dans la petitesse. ».
Voilà le défi de Noël pour nous aujourd’hui. Comment croire en ce Dieu qui n’épouse pas la logique mondaine où tout peut nous faire croire que les honneurs, le paraître et les grandeurs font partie des conditions pour réussir sa vie et pour réussir dans la vie ? Si nous décidons alors de suivre le Seigneur, il nous faudra nager à contre-courant comme le saumon remontant la rivière pour une bonne cause ! Pas facile et pas évident, et pourtant, tout est possible !
Le chemin que Jésus, l’Emmanuel nous dessine encore aujourd’hui, c’est de poursuivre nos actions et notre vivre-ensemble dans le quotidien ordinaire de nos vies. Le Seigneur s’identifie aux humbles et nous rejoint dans nos vulnérabilités et nos fragilités pour nous remettre debout. Et en même temps, ils nous invitent à le rejoindre pour poursuivre son oeuvre de salut et d’amour .
Ce soir, un appel à l’amour nous est lancé à travers ce coeur rempli de différentes attitudes et d’actions à mettre en oeuvre pour que le message d’espérance, apporté par Jésus, trouve toute sa signification. Des photos dans le fond de la crèche donnent déjà le ton… Le p. François Varillon nous dit, « Ce qu’il faut chercher, c’est l’amour. La conséquence de l’amour, c’est la joie ».
Si cela vous est donné, que notre réponse « Me voici » à l’appel à l’amour et que la joie qui nous habite en cette période de Noël soit aussi la joie de notre Dieu comme nous le rappelle le prophète Isaïe, « Tu seras la joie de ton Dieu. » Is 62,5. Amen.
Steves Babooram, sj
St-Ferréol, le 24 décembre 2022