Homélie du 2ème dimanche de carême


Transfiguration et métamorphose
Matthieu 17, 1-9

Commençons par faire un peu de grammaire, ou plutôt de la traduction. Le texte dit que Jésus est « transfiguré ». Le mot grec c’est métamorphé, la métamorphose. Jésus leur apparaît métamorphosé. Le regard des apôtres sur Jésus a tellement changé qu’ils le voient métamorphosé.
Cette histoire est donc une histoire de changement de regard. Et c’est une belle histoire.
Sur la montagne, c’est le regard des disciples qui change. Pierre, Jacques et Jean posent sur Jésus un regard neuf, et ils découvrent Jésus ressuscité, avec toute la splendeur de la
résurrection, la nuée et l’assurance que le Christ est bien le Fils de Dieu.
On pourrait peut-être en rester là, dit Pierre. On est bien ici, on est loin du monde, il n’y a plus le bruit de la violence. Faisons trois tentes, sortons un sandwich et une petite bouteille, la glacière et un transat. Et on s’installe. On ne bouge plus. C’est la félicité.
La suite de l’Evangile montre que ça ne marche pas comme ça.
Parce qu’en réalité, quand on découvre quelque chose d’aussi fondamental que Jésus ressuscité, vous comprenez que tout est transformé, que le monde est bien différent de ce que vous voyiez auparavant, que Dieu est à l’œuvre en nous-même et dans le monde et qu’il est temps d’écouter ce qu’il nous dit.
Et voilà justement que de la nuée sort cette voix :
« Celui-ci est mon Fils bien aimé, Ecoutez-le. »
Si nous écoutons bien, nous entendons tous ces passages de l’Evangile qui ont précédé cette métamorphose et qui nous disent de renoncer à nous-même et de venir à la suite du Christ.
Etape cruciale, étape nécessaire qui manifeste que nous ne sommes pas simplement des
spectateurs béats d’admiration devant la nuée, comme Pierre qui voulait rester sur place, mais que nous sommes des acteurs dans cette découverte et qu’il faut faire notre part.
C’est pour cela qu’arrivé à ce point, Jésus dit dans l’Evangile : « relevez-vous et soyez sans
crainte ». Ce n’est pas le moment de casser la croûte tranquillement au bord du chemin. Le regard des disciples est transformé, le nôtre aussi. Nous savons ce qu’est la résurrection. Il faut aller de l’avant.
Commençons donc à regarder le monde qui nous entoure avec un nouveau regard, avec une lecture positive de la vie. Nous pouvons découvrir la puissance de notre regard qui envisage la vie autrement que dans la noirceur qui nous entoure. Chaque fois que nous poserons sur les autres un regard lucide, qui ne juge pas, c’est la transfiguration de notre monde qui est en marche. Un regard lucide et aimant, c’est un regard sur la vie qui est plein de lumière.
Commençons à écouter sérieusement la parole de Dieu que nous entendons chaque dimanche, que nous pouvons lire chaque jour. Ouvrons notre cœur aux appels de Jésus ressuscité.
Le carême est un temps de métamorphose, de transfiguration, de vraie conversion. La banalité du quotidien peut ouvrir à des horizons nouveaux si nous changeons de regard. Ouvrons nos yeux et nos oreilles et écoutons ce que Dieu nous dit sur la route de Pâques.

Pierre de Charentenay, sj
St-Ferréol, le dimanche 11 mars 2023

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