Homélie du 5 mars 2025 – Mercredi des Cendres
Mt 6,1-6.16-18
En ce début de Carême, que pouvons-nous accueillir comme Parole de Dieu pour nous mettre en route ? Trois phrases m’inspirent particulièrement en écoutant les lectures de ce jour :
1) « Revenez à moi de tout votre cœur » (Jl 2, 12), avons-nous entendu par les paroles du prophète Joël. Dieu est en attente comme le père dans la parabole du fils prodigue. Il est possible que nous ayons pris d’autres chemins qui nous ont éloignés de lui. Combien de fois avons-nous trouvé de bonnes excuses, de bons prétextes pour nous éloigner de Lui ? Nos penchants mauvais et nos péchés qui nous ont éloignés du Seigneur, résonnent autrement dans le cœur de Dieu. Il nous lance aujourd’hui cette invitation : « Revenez à moi de tout votre cœur ». Le carême se présente comme ce voyage à entreprendre non plus pour se détourner de Dieu mais plutôt pour se tourner et pour retourner vers Dieu. C’est le temps de revenir à Dieu. C’est le moment favorable comme nous l’a rappelé St Paul dans la seconde lecture.
Revenir à Dieu implique de prendre le temps et les moyens, petits et grands, pour vérifier les chemins que nous avons parcourus ou que nous parcourons aujourd’hui en vue de retourner à la maison du Père et de lui donner la meilleure place possible dans nos vie
2) « Quand tu fais l’aumône…, quand vous priez…, quand vous jeûne… » (Mt 6, 3.6.17), avons-nous entendu de la part de Jésus dans l’évangile. A travers ces trois piliers du carême, le Seigneur nous prévient déjà de ne pas tomber dans le paraître en choisissant de revenir à Lui. « Ton Père qui voit dans le secret te le rendra. ». A travers les trois « P », – prière, privation et partage -, nous pouvons dire que nous n’entrons pas dans un registre de performance ou de bonnes actions. Ce n’est pas ça, le carême !
Le carême nous ramène à l’essentiel au cœur de nos combats spirituels. Le carême nous invite à faire la vérité en nous dans notre désir de grandir dans l’amitié
et la connaissance intérieure du Seigneur Jésus pour mieux l’aimer, le suivre et le servir.
Rappelons-nous trois écueils à éviter en cherchant positivement à vivre les trois « P » :
– Prière : La prière est une relation entre ce que je suis et Celui qui est. Ce n’est pas une relation entre ce que je rêve d’être et Celui qui est. Du coup, quand je me mets en prière, je me présente à Dieu, tel que je suis, avec mon enthousiasme, ma joie ou ma fatigue, mes questions, ma colère, etc… Je ne suis pas dans le paraître quand je m’adresse à Dieu. Je ne porte pas de masque ni de cosmétique…
– Privation : en jeûnant, je choisis librement de me priver d’une chose que j’aime et qui pourrait aussi m’être nécessaire. Ce geste n’est pas pour m’en glorifier parce que j’ai pu accomplir un bel exploit d’ordre spirituel. Me priver, jeûner m’amène à avoir une juste distance à la chose matérielle ou virtuelle pour aller à l’essentiel. En quelque en sorte, je me « dépouille », je me « vide » pour me « remplir » de Dieu, de sa Parole… « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche du Seigneur » Mt 4,4.
– Partage : La vie est dure de nos jours, n’est-ce pas ? Pour bien des familles, parvenir à joindre les deux bouts en fin de mois n’est pas chose aisée ! Et pourtant, je connais des familles qui trouvent une manière d’aider l’autre dans le besoin, si petite est leur contribution. En même temps, à l’impossible, nuln’est tenu ! Et le partage se vit aussi autrement en termes de temps disponible pour un service, d’attention fraternelle, de compétences et de prière, etc.
Deux exemples illustrent bien la manière de vivre le partage dans le contexte de l’année jubilaire où le mot « espérance » revêt une saveur particulière.
En effet, notre dernier déjeuner de Noël en faveur de nos amis de la rue et de ceux qui sont âgés et isolés et l’exposition des photos en ce moment dans notre sanctuaire de la part de nos amis du JRS jeunes, service jésuite des réfugiés, cherchent à dire NON au désert de l’indifférence et de l’« entre-soi ». Des volontaires jeunes et adultes se sont mobilisés dans la mise en œuvre de ces projets. C’est ainsi que nous laissons résonner en nous cette pensée de feu le Cardinal Jean-Marie Lustiger : « C’est par création d’oasis que le désert fleurit. ».
Quels sont les autres « déserts » à fleurir avec la fleur de l’espérance ? Voilà une question qui va nous accompagner dans notre sanctuaire pendant le carême !
Chers frères et sœurs, nous aimons bien nous rappeler que le carême est un temps propice, favorable pour prendre le chemin de conversion. Notre intention est sincère en voulant prendre des résolutions. Et l’expérience montre que bien souvent, nous ne parvenons pas à les tenir toutes !
Alors, cette année, comment allons-nous nous y prendre ? La conversion, ce n’est pas une question d’être en règle à travers les résolutions à tenir. La conversion, c’est d’être en route avec le Seigneur qui nous invite à nous ajuster, pas à pas, à lui grâce à son amour miséricordieux. Alors, repérons un ou deux point(s) dans nos vies où nous avons besoin de vivre un vrai changement personnel et confions-le/les au Seigneur.
Et si nous chutons de nouveau, relevons-nous avec la grâce du Seigneur et poursuivons le combat spirituel pour tenir bon dans la foi et dans la fidélité au
Seigneur.
3) « Laissez-vous réconcilier avec Dieu. » (2Co 5, 20)
Chers amis, voilà une autre parole à méditer et à intérioriser en ce début de carême. Tout en nous mettant en route, nous reconnaissons que nous ne pouvons nous réconcilier avec Dieu par nos seules forces. C’est la grâce de la conversion qui est première. Elle nous est offerte sans mérite de notre part. Dans l’humilité, nous reconnaissons que nous avons besoin de lui pour grandir dans notre humanité et dans nos relations avec nous-mêmes, avec les autres, avec la nature et
avec Dieu. Alors, laissons-nous porter par Lui et qu’il nous purifie et nous délie de tout ce qui nous empêche d’être lié à Lui.
Faisons comme ce lépreux purifié qui est revenu vers Jésus pour le remercier. Entrons dans ce temps de carême avec la conviction que le Seigneur nous attend et veut nous donner la vie en abondance (cf. Jn 10, 10b). Amen.
Steves Babooram, sj
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