Homélies


Homélie du 2ème dimanche de carême – 16 mars 2025


Pour illustrer le premier dimanche de carême, nous avions choisi comme arbre le palmier, signe de la présence d’un oasis au milieu du désert. Pour ce deuxième dimanche de carême, une branche d’amandier illumine de blanc notre décoration de carême. L’amandier est dans nos régions le premier arbre qui fleurit. Dans le désert de l’hiver, ses fleurs blanches annoncent le printemps.

Nous avons entendu, comme chaque année le récit de la transfiguration, cette fois-ci dans la version de Luc. Mais pourquoi donc ce récit en plein carême ? Le texte de Luc nous apporte déjà une réponse. Il nous dit que Jésus s’entretient avec Moïse et Élie au sujet de son départ qui doit s’accomplir à Jérusalem, au sujet donc de sa mort qu’il avait annoncée juste avant à ses disciples. Luc est d’ailleurs le seul à nous rapporter le contenu de l’entretien. Le message est clair : le Christ Jésus transfiguré est le même que celui qui sera défiguré et nous sommes appelés, quand nous le verrons défiguré, à nous souvenir que nous l’avons vu transfiguré ! Dans les moments difficiles de la vie, sur le chemin qui mène à Jérusalem, quand nous serons davantage avec le Christ défiguré qu’avec le Christ transfiguré, rappelons-nous du visage lumineux de Jésus, icône divine, Dieu fait homme. Quand nous nous trouverons auprès d’un frère ou d’une sœur malade ou d’un proche qui a vécu un accident de la vie et qui sera peut-être défiguré, rappelons-nous aussi que nous avons vu et reconnu en lui, dans des moments de joie, le visage de Jésus transfiguré !

Il me semble que l’expérience de la transfiguration -dont l’équivalent tiré du grec est métamorphose– n’est pas réservée à Pierre, Jean et Jacques. N’y a-t-il pas aussi dans nos vies des moments uniques, éphémères mais qu’on voudrait éternels, des moments dans notre vie où tout prend sens, où on a l’impression de comprendre, au-delà du mystère du mal qui défigure notre terre, le sens profond de la vie et de la beauté du monde, un moment où se dévoile pour nous le projet magnifique de Dieu ?

Plus largement, ne dit-on pas de personnes qui ont vécu une expérience humaine et spirituelle forte, par exemple des enfants quand ils reviennent d’un camp ou un proche de retour d’un pèlerinage, ou quelqu’un qui a longtemps été en galère et qui a retrouvé un sens à sa vie, ne dit-on pas d’eux qu’ils sont métamorphosés ? On dit d’une personne ainsi transformée par la vie, qu’on ne la reconnait plus, qu’elle est transfigurée. Mais à l’inverse, nous sommes appelés à voir dans une personne défigurée par l’épreuve et la souffrance, le Christ, Dieu caché qui creuse son sillon. C’est plus difficile, mais c’est au moins aussi important ! Oui, nous le croyons : au-delà des épreuves, au-delà du visage de Jésus défiguré jusqu’à devenir méconnaissable, la résurrection pointe déjà à l’horizon, comme les fleurs blanches et lumineuses de l’amandier illuminées par le soleil horizontal de l’hiver, annoncent le printemps. Sur nos chemins de carême, l’expérience de la transfiguration a déjà la saveur de Pâques. AMEN.



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