« Jésus appelle »
Jésus appelle des personnes. Il ne les rallie pas à des idées. C’est dans ce sens que, récemment, le Pape François a rappelé que le christianisme n’est pas une idéologie. Dans la foi chrétienne, on ne suit pas des idées, mais une personne, le Christ ; on aime des gens, nos frères, nos sœurs. C’est pourquoi ces passages nous éclairent beaucoup sur notre foi.
Si Jésus avait voulu être efficace à notre manière, il aurait procédé autrement. Il aurait maitrisé sa communication ; il aurait su se servir d’outils performants ; il aurait fait de grands discours pour séduire et attirer l’attention sur lui. Au contraire, quand quelqu’un vient à lui, il l’écoute, s’intéresse, lui ouvre un chemin.
« Que cherchez-vous ? » Voilà une question bien embarrassante qui renvoient ses interlocuteurs, et nous-mêmes, à ce à quoi nous aspirons. Le Christ désire avoir en face de lui des personnes qui s’engagent, comme toujours dans la Bible, des gens désireux de tenir une alliance.
Curieuse réponse des disciples : « Où demeures-tu ? » Les disciples sentent qu’il y a quelque chose de différent avec Jésus. Ils auraient pu lui répondre : « on cherche la paix, le bonheur, la justice ». En demandant où Jésus demeure, ils ne lui demandent pas sa carte de visite, ni son adresse internet. Mais plutôt ce qui demeure en lui, ce qui le fait demeurer dans la paix, la vérité. Le patriarche du Liban disait un jour que son pays ce n’est pas là où il habite, mais ce qui l’habite. Les disciples ont vite compris qu’avec Jésus on n’est pas dans le débat d’idées.
La réponse suivante de Jésus prend alors tout son sens. « Venez et vous verrez ». C’est une démarche de foi. Oui, les disciples vont bien voir que Jésus n’a pas de maison, ni même une pierre où reposer sa tête ; que Jésus les emmène bien plus loin qu’un bout de terre, vers le monde entier. Il les conduit dans une nouvelle relation avec Dieu et avec les hommes.
C’est bien ce qu’avait compris Saint Paul. Le Christ demeure en nous, en notre corps (avec lequel on ne peut pas faire n’importe quoi, ni n’importe quelle éthique). Il demeure aussi dans notre cœur. Nos corps et nos cœurs sont invités à l’eucharistie.
La dignité de l’homme est d’être appelable et appelé par le Seigneur : « Parle, ton serviteur écoute ». C’est ainsi que des témoins nous ont transmis l’évangile et nous ont donné le goût d’y croire. Avec Jésus, il fallait le croire sur Parole. D’autres l’ont fait avant nous pour que nous soyons là aujourd’hui. A nous de parler maintenant à d’autres pour qu’ils trouvent la joie de croire et la joie de vivre.
Michel Joseph, sj