Cette cène, ce dernier repas de Jésus, dit plus que jamais qui est le Christ et qui est Dieu. On dit que c’est dans les moments les plus difficiles qu’on reconnait la force d’âme des gens. Nous y sommes. Tout au long de sa vie, Jésus est cohérent. Le diable n’a pas pu avoir de prise sur Lui. Ce n’était pas faute d’avoir essayé – souvenez-vous des tentations au désert du début de la vie de Jésus. On avait proposé à Jésus la facilité du magicien : changer les pierres en pain. Reconnaissons que nous aimerions aussi que tous les problèmes de ce monde et les nôtres soient réglés à coup de miracles, sans la participation de notre responsabilité.
A l’opposé, ce soir, Jésus nous donne une nourriture bien au-delà : son corps, son sang, c’est-à-dire lui-même dans ses dimensions humaines et divines. Quelle chance ! Quelle grâce ! C’est ce que nous pouvons revivre à chaque eucharistie.
On faisait miroiter aussi à Jésus la domination et le pouvoir sur les autres. A l’opposé, ce soir, Jésus choisit la position du serviteur, du service. Attention, il ne s’agit pas de fuir les responsabilités familiales, associatives, politiques, mais de les vivre dans un esprit de service, pour les autres, proches et lointains. L’eucharistie est donc là : accueillir le don total du Christ, dans une attitude de responsabilité et de service.
Avec ce repas, que Jésus reprend à son compte à partir de la tradition juive comme nous aujourd’hui, Jésus ouvre l’avenir. A la hâte, signe non de précipitation mais d’urgence. Nous revivons encore aujourd’hui ce repas de libération, de sortie de l’esclavage. Avec Jésus, la vie redevient possible, malgré tout. Ce repas nous en indique le chemin : le service. Vous savez, on n’oublie jamais celle, celui, ceux qui à un moment critique de nos vies, nous ont rendu service. Ces gestes d’attention à l’autre sont indispensables ; ils sont la marque des chrétiens. Vivons ainsi nos propres exodes, nos propres Pâques.
Michel JOSEPH sj
St-Ferréol, le 14 avril 2022