Homélie du 1er dimanche de l’Avent – Année C
L’apocalypse du quotidien
Lc 21, 25-28, 34-36
En ce dimanche, nous entrons dans cette période de l’Avent qui nous prépare à Noël. Et la préparation est plutôt rude car elle commence par un discours d’apocalypse, une sorte de vision de fin du monde où le Christ apparaît dans sa puissance et sa gloire. « Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots ».
Mais qu’est-ce qu’une apocalypse ? C’est en fait une révélation, un dévoilement, le dévoilement d’un monde nouveau. Ce n’est pas la fin du monde, c’est la fin d’un monde. Cela nous parle d’un changement et d’un changement important, où nous passons d’un monde à un autre.
C’est ce qui se passe aujourd’hui. Dans ces lignes de l’Evangile, nous pouvons lire une sorte de description de notre monde actuel où les nations, sur terre, sont affolées et désemparées.
Les différents pays du monde ont bien du mal à savoir comment s’organiser pour affronter le virus que l’on connaît. Que faire devant cette urgence sanitaire ?
En plus de cette pandémie, voilà que le réchauffement climatique menace dangereusement notre avenir. Les projections à 2050 sont plutôt pessimistes.
Et l’angoisse nous prend devant cet avenir imprévisible qui semble nous échapper.
C’est bien la fin d’un monde, un monde de l’insouciance, un monde de la légèreté, où l’on pouvait voyager n’importe où et n’importe quand, si l’on en avait les moyens. Il y avait bien des ouragans et des sécheresses, mais on pouvait encore les réparer.
Nous avons passé le temps où l’on pouvait faire ce que l’on voulait sans contrainte alors que la puissance de la technique avait supprimé toutes les barrières. Voilà maintenant qu’il faut rétablir des barrières partout.
L’apocalypse de ce dimanche, c’est la fin d’un monde, dont nous prenons conscience en ce temps de l’Avent.
Il faut donc apprendre à vivre dans ce monde nouveau de la contrainte, de la limite, de la précaution, de la sobriété, mais aussi de l’incertitude. Car c’est cela le plus problématique, c’est qu’on ne sait plus trop ce que nous pourrons faire demain. On ne peut plus faire de plan à 5 ou 10 ans. On ne sait même pas si le nouveau variant sud-africain va venir changer la donne du coronavirus.
Devant cette situation, en ce premier jour de l’Avent, Jésus nous dit : tenez-vous
sur vos gardes. Il nous le répète : soyez vigilants
Qu’est-ce que cela veut dire dans cette situation nouvelle de la fin d’un monde et
du début d’un autre monde ?
Ce n’est pas le moment de perdre la tête, de se laisser aller aux beuveries et aux
soucis de la vie, et de s’angoisser, mais c’est le moment de revenir à ce qui est
fondamental, comme le dit saint Paul aux Thessaloniciens : que le Seigneur vous
donne entre vous et à l’égard de tous les hommes un amour de plus en plus
intense. Faites de nouveaux progrès dans votre conduite pour plaire à Dieu, en
répondant à votre vocation humaine.
Il est important de tirez de tout cela les conséquences pratiques pour répondre à
la situation nouvelle.
Voilà ce qu’est l’Avent cette année : d’une part l’apocalypse du quotidien, c’està-
dire la révélation des vraies dimensions de notre vie quotidienne, avec ses
lourdeurs, ses angoisses et ses soucis nouveaux. Mais l’Avent, c’est aussi la
remise de tout cela devant Dieu pour le laisser agir et réveiller en nous le désir
que nous avons de le suivre, avec une force intérieure renouvelée, prêts à vivre
ce nouveau monde.
L’Avent, c’est le réveil de notre désir de Dieu dans cette vie quotidienne en
changement.
Pierre de Charentenay, sj