A chaque messe, juste avant la communion, le prêtre dit « Voici l’agneau de Dieu » ; il présente l’hostie fractionnée. L’hostie est brisée. Ne nous trompons pas. Ce n’est pas un Dieu sur les nuages qui nous est présenté aujourd’hui en cette fête des Rameaux ; ce n’est pas un Dieu qui appartiendrait au monde virtuel, ni le résultat de nos phantasmes, et qui serait incapable de comprendre nos souffrances. C’est un homme en chair et en os qui nous montre l’Amour de Dieu, amour qui va jusqu’au bout, capable d’assumer la douleur de nos frères blessés dans leur chair et dans leur esprit, en particulier les blessures des enfants par les fautes de prêtres, de parents etc … Pire, c’est un homme juste qui est ainsi assassiné. Lui, le juste, meurt misérablement.
En montrant ainsi son amour, il ne se sauve pas lui-même, il nous sauve. Seul l’amour sauve. Car il prend sur Lui nos péchés et nos souffrances que nous sommes bien incapables d’assumer, nous le savons par expérience.
De quelle manière allons-nous nous comporter en pareille circonstance ? Oui, les évangiles nous montrent comment réagir dans ces situations de souffrance pour nous-mêmes et pour nos contemporains. De quelle manière sommes-nous présents à la croix du Christ ? Comme Pierre en larmes sur nos propres lâchetés ? Comme les femmes autour de Marie, seules à rester présentes et à se tenir debout ? Comme Pilate qui ne comprend pas la liberté et la vérité dont fait preuve Jésus ? Comme cette femme au parfum dont Jésus dit que « ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait » ? Comme Joseph d’Arimathie qui, sans hésiter et sans peur, procède à l’ensevelissement du corps de Jésus ? Comme le centurion romain, lui le païen, qui reconnait en Jésus le Fils de Dieu ?
Sœurs, frères, entrons dans cette semaine sainte où le mystère de l’Amour de Dieu pour tous les hommes nous est révélé, dans toutes ses dimensions, pour que nous vivions de cet amour plus fort que la mort.
P. Michel Joseph, sj