Fête du Saint-Sacrement du corps et du sang du Christ
Mc 14, 12-26
Nous célébrons aujourd’hui une fête qui a plusieurs noms, autrefois on disait la Fête-Dieu, aujourd’hui, depuis Vatican II, on dit plutôt Fête du saint sacrement du corps et du sang du Christ. Ces fêtes se prolongent soit dans l’adoration soit par le sacrement de l’Eucharistie où nous recevons le corps du Christ en nous.
C’est une fête très ancienne, qui date du 13° siècle. Il s’agissait d’affirmer fortement la présence du Christ dans le Saint Sacrement, comme disait Urbain IV, « pour confondre la folie de certains hérétiques ». C’est aussi à cette époque que l’on a commencé à montrer l’hostie et le calice après la consécration.
Cette fête a été longtemps l’occasion de processions dans les rues des villes d’Europe, avec ostensoir, grands ornements et pétales de rose, les plus anciens s’en souviendront.
Aujourd’hui on s’attache surtout à montrer le sens de cette présence du corps du Christ parmi nous. Soit dans l’adoration, soit dans l’Eucharistie.
Je m’attacherai ici à cette Fête du Corps et du Sang du Christ qui est un appel à approfondir le sens de l’Eucharistie et sa place dans notre vie. Quel est le sens de cette présence réelle que nous recevons ? Comment abordons-nous ce mystère de la communion où nous recevons le Christ ?
Il me semble qu’il y a deux pièges à éviter, et deux qualités à souligner.
Le premier piège, c’est faire de l’Eucharistie un remède, une potion magique. Vous recevez le corps du Christ et tout est résolu. Vous deviendrez parfait comme par enchantement. Vous aurez de nouveau l’énergie, la force spirituelle pour vivre en chrétien, vous n’aurez plus de tentations, simplement en allant communier. Eh bien non, ça ne marche pas comme cela. Dieu n’agit pas sans la coopération de l’homme.
Le deuxième piège, c’est de faire de l’Eucharistie une récompense. Parfois on pense que parce qu’on a fait un effort, parce qu’on a l’impression d’avoir été fidèle à l’invitation de l’Eglise, on a mérité de recevoir le Christ. A l’inverse, parce qu’on a été infidèle et qu’on a peut-être commis une grosse faute, la communion nous semble interdite. L’Eucharistie, c’est autre chose, on va le voir.
Pour sortir de ces pièges, il faut méditer sur les deux qualités à souligner :
La première qualité, c’est que l’Eucharistie, et je l’ai dit souvent ici, est une nourriture spirituelle pour ceux qui ont faim. Elle vient nourrir les intelligents comme les pauvres, les pêcheurs comme les parfaits, ceux qui sont dans des situations bancales et difficiles comme ceux qui sont dans le droit chemin. Elle ne va nourrir que ceux qui ont faim, car elle ne fonctionne pas comme un coup de baguettes magiques. Jésus l’a dit dans l’Evangile, je suis venu appeler non pas les justes mais les pêcheurs. A chacun de voir
comment il comprend ces paroles, mais l’esprit est clair, l’Eucharistie n’est pas réservé
aux purs et aux parfaits.
La deuxième qualité à souligner, c’est comment l’Eucharistie nous offre la présence
spirituelle d’un ami, le Christ, qui nous accompagne. Nous sommes avec le Christ qui
est en nous, celui qui a parcouru la Palestine il y a 2000 ans, celui que l’Eglise ne cesse
de célébrer depuis tant d’années, celui qui est présent dans le coeur des centaines de
millions de chrétiens qui vont communier ce jour. Cet ami est là pour nous soutenir et
nous accompagner ; il ne nous laissera pas tomber au temps de l’épreuve. Je marche
avec lui tout au long des jours.
Deux pièges à éviter donc, l’Eucharistie remède et l’Eucharistie récompense. Entrons
plutôt dans le compagnonnage avec un Christ présent en nous, qui nous sollicite pour
nous mener sur la route qui mène au Royaume.
Pierre de Charentenay, sj
St-Ferréol, le 6 juin 2021