S’ouvrir à l’accueil de l’Autre et de l’autre
« Qui vous accueille m’accueille, » dit Jésus, « et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. » Le ton est donné. Les textes de ce dimanche nous invitent à nous arrêter sur la manière de soigner la qualité de notre accueil et de revisiter nos choix en vue d’aimer comme Jésus.
En parlant de l’accueil, nous pouvons l’entendre en trois temps :
1) C’est Dieu qui nous accueille, en premier, à travers l’acte du baptême que nous a rappelé St Paul dans la seconde lecture. Dieu nous fait don d’une vie nouvelle qui exprime son accueil et son amour miséricordieux à l’égard de chacun des baptisés.
2) C’est nous qui accueillons Dieu, au coeur de nos fragilités, dans notre vie par la grâce baptismale. Mais cela comporte un choix qui se veut radical : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Mt 10,37). Comment entendre cette parole de l’évangile au moment où les vacances estivales pour certains sont l’occasion tant attendue après le temps de confinement pour retrouver des membres de leurs familles qui habitent loin de Marseille, en vue de se retrouver, de renforcer davantage des liens entre eux, etc ?
Il va sans dire que cette radicalité dont il est question ici doit être prise dans le sens où c’est en Dieu que nous pouvons trouver notre capacité d’aimer l’autre le plus possible et que notre amour pour les nôtres sera plus significatif à la lumière de notre amour pour Celui que nous voulons suivre, aimer et servir.
3) Accueillir Dieu, c’est apprendre à s’ouvrir à l’accueil de l’autre. La première lecture illustre bien un trait fondamental que nous pouvons repérer tout au long des Ecritures : la place de l’accueil et de l’hospitalité. En effet, le prophète Elisée est accueilli, nourri et hébergé lors de ses passages chez ce couple âgé. Dans l’évangile, les exemples sont nombreux pour illustrer la manière dont Jésus accueille ceux qu’il rencontre ou pour parler des paraboles de Jésus qui invitent à accueillir l’autre quel que soit ses fragilités et ses manquements : Il est dit qu’il faisait bon accueil aux pécheurs : nous pensons, entre autres, à Matthieu, à la femme adultère et à Zachée qui a été son hôte au départ. De plus, les malades pouvaient compter sur lui tandis que la parabole du fils prodigue dit bien le coeur accueillant du Père révélé par Jésus.
A travers la vie de Jésus, nous avons découvert la manière dont Dieu aime et accueille l’autre dans ses forces comme dans ses différences. A notre niveau, vivre l’accueil de l’autre, c’est lui offrir quelque chose de nous-même. Dans la rencontre de nos différences, au lieu que cette démarche nous appauvrit, elle nous enrichit plutôt. Encore faut-il y croire et accepter que l’autre a quelque chose à m’offrir pour que je grandisse en humanité et dans ma foi. Dans l’accueil de l’autre, suis-je prêt à me laisser « bousculer » et à accepter que l’autre fasse désormais partie de ma vie ?
Jésus ne nous demande pas de réaliser de grandes choses quand nous nous mettons à sa suite. Mais si elles se produisent, tant mieux ! C’est surtout par de petits gestes d’accueil, de service, d’entraide mutuelle ou de solidarité que nous témoignerons de ce qui est Jésus pour nous et pour toute l’humanité.
Et pour nous à St-Fé, comment essayons-nous de vivre l’accueil mutuel et fraternel en venant aux célébrations eucharistiques ou à travers des activités du sanctuaire ? Quels petits pas faisons-nous pour ne pas rester toujours à notre place habituelle afin de rencontrer un autre fidèle, ne serait-ce que brièvement, pour fraterniser un peu ? L’accueil de l’autre n’est certes pas évident mais pas impossible.
Trois lieux où nous cherchons comme sanctuaire à vivre une fraternité grandissante dans l’accueil de l’autre :
1) à travers la fête du frère vis-à-vis des gens de la rue principalement. Nous les accueillons à l’église pendant un temps de rencontre fraternelle à travers des activités artistiques ;
2) à travers le groupe Raphaël qui nous fait rencontrer, accueillir et accompagner des jeunes mineurs migrants non-accompagnés en quête de soutien scolaire et d’intégration dans la culture française ;
3) enfin, depuis un peu plus d’un mois, à travers la troisième activité sociale que nous entreprenons à St-Fé : « l’expresso du dimanche matin » nous amène à accueillir et à fraterniser d’abord avec des personnes qui sont sans-domicile-fixe tout en partageant avec eux une tasse de café et un croissant ! Il y a encore de la place pour d’autres volontaires ! Venez nous rejoindre ! Ce sont vraiment de beaux « rendez-vous du donner et du recevoir » !
Ce temps de vacances estivales pour ceux qui pourront le prendre, peut être favorable pour « élargir l’espace de leur tente » afin de vivre un vrai chemin de conversion. C’est une manière pour nous de nous laisser accueillir par Dieu, de l’accueillir au sein de notre vie et de soigner aussi notre capacité d’accueillir l’autre que nous rencontrerons lors de nos déplacements. Demandons au Seigneur la grâce d’avoir un regard nouveau et une meilleure écoute de l’autre pour l’apprécier à sa juste valeur et pour faire un bout de chemin avec lui. Amen.
Steves Babooram
Saint-Ferréol, le 28 juin 2020