Homélie du 28è dimanche du temps ordinaire – Année B – Saint-Cannat

Un commentaire juif raconte l’histoire d’un jeune homme qui vient voir le rabbin car il n’arrive pas – dit-il – à sortir de sa tristesse. Après l’avoir longuement écouté, le rabbin lui tend un miroir et lui demande : « que vois-tu ? ». Le jeune homme lui répond : « moi-même ». Ensuite, le rabbin l’emmène près de la fenêtre et lui pose la même question : « que vois-tu ? ». Et l’homme de répondre : « je vois les gens qui vont et viennent dans la rue ». Et le rabbin de poursuivre : « Selon ce que tu mets sur ce morceau de verre, de l’argent pour qu’il devienne miroir, ou rien, ta vie est ainsi fermée ou ouverte, renfermée sur toi-même ou tournée vers les autres, triste ou joyeuse ».

Cet homme de l’évangile qui vient voir Jésus est dans l’impasse. Mais au moins, il cherche, il questionne ! Que dois-je faire ? A cet homme, possédé par ses possessions – car la richesse possède celui qui l’a, d’une manière ou d’une autre – Jésus propose un autre trésor, celui qui est dans le ciel. Quel trésor préférons-nous ? Celui des choses possédées ? Ou celui du don, d’une vie donnée aux autres, à niveau de vérité et de justice ?

Seul Dieu appelle à la vie, à sortir des possessions mortifères. Il nous appelle à vivre à niveau d’essentiel, à la jointure de l’âme et de l’Esprit, comme dit l’auteur de la lettre aux Hébreux. Cette jointure, c’est tout simplement notre vie profonde, qui irrigue nos vies, qui nous aide à sortir de la superficialité des choses.

Mais alors, il va falloir accueillir cette Parole de Dieu, cette Parole de vie qui nous est donnée. Il va falloir que nous expérimentions le manque quand on croit tout avoir. Parmi toutes les voies proposées par la Tradition, l’Eglise a toujours tenu à ce que l’on puisse vivre, de manière libre et choisie, les vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, marques du manque, dans la vie religieuse. Pas de manque, pas de nouveauté.

La Sagesse est ici présentée comme une aide au discernement, pour faire les choix qui rendent heureux, dans l’alliance avec Dieu. En tout cas, il s’agit de se mettre dans des dispositions d’accueil et d’écoute.

PMJ