Lu dans le journal cette semaine :
Le marché de Noël de Strasbourg, le plus grand de France, a battu cette année tous les records d’affluence ! On se bouscule et si les commerçants se frottent les mains, beaucoup d’habitants se plaignent de ne plus être chez eux, ils se sentent envahis et n’arrivent plus à circuler. Bon nombre de chrétiens, protestants comme catholiques prennent leur distance avec ce qui devient une fête purement commerciale. On n’y trouve même plus de crèches comme auparavant
Le Christ Jésus serait-il exclu de la fête de Noël ?Bethléem au temps de l’empereur Auguste, sans doute en l’an -4 ou -6 de notre ère :
Un jeune couple venu de Galilée descend vers Bethléem en Judée. La femme, une certaine Myriam -autrement dit Marie- dont la grossesse arrive à terme est montée sur un âne, conduit par son époux, un certain Youssef -ou Joseph-, charpentier à Nazareth de son état.
Pour Marie, le voyage est particulièrement pénible : elle risque d’accoucher à tout moment. Ils arrivent à Bethléem, ville où ils devaient se faire recenser. Là aussi les auberges et les gîtes chez l’habitant affichent partout complet, surtout pour une femme sur le point d’accoucher. Pas de place non plus pour eux dans la salle commune, le gymnase communal de l’époque. Marie accouchera à la rue, dans la plus grande simplicité et elle posera son nouveau-né dans une mangeoire à l’entrée d’une grotte qui sert d’abri au bétail.
Le Christ Jésus exclu de Bethléem le jour de Noël ?Noël ressemble à un tableau de Breughel de 1609: “le recensement à Bethléem“. On y voit un village flamand de l’époque, sous la neige et la glace. Chacun vaque à ses occupations : c’est une scène classique d’hiver de l’époque. Devant une maison, un attroupement : on vient se faire recenser. Dans la file on voit Marie montée sur un âne tiré par Joseph. On dirait qu’ils arrivent incognito, personne ne les remarque.
Noël ressemble aussi à nos crèches provençales traditionnelles. Il y a une multitude de personnages qui représentent les métiers et les occupations de notre région, généralement du début du 20ème siècle. Certaines crèches osent rajouter des personnages plus récents. Chacun poursuit ses occupations alors que Jésus vient naître.
Dieu fait homme, c’est ce petit bébé né dans l’indifférence générale ou presque : il est entouré de Marie et Joseph, des animaux de la crèche, de quelques bergers et du ravi qui semble, lui, avoir compris l’enjeu du mystère qui se déroule sous ses yeux. Jésus vient naître sans bruit, il vient habiter parmi nous, dans notre quotidien.
Chers frères et sœurs, que nous dit alors ce mystère de la Nativité, cet événement inouï du “Verbe fait chair“, comme dirait saint Jean dans l’évangile que nous entendrons demain ? Que nous dit Dieu si ce n’est qu’il vient naître non pas dans nos palais, non pas dans le vacarme des rues commerçantes et des enseignes scintillantes, mais dans la simplicité, au cœur de nos faiblesses, de nos fragilités, de notre quotidien boiteux, au cœur de nos petites victoires mais aussi de nos échecs.
Noël repousse peu à peu les ténèbres comme les jours grandissent à partir de maintenant. Noël c’est le partage que nous vivons simplement en famille ou en ouvrant nos cœurs et notre table aux personnes seules, aux nécessiteux.
Noël c’est Bethléem cette année à quelques kilomètres de Gaza, sans touristes, sans secours, dans la simplicité d’une fête partagée, même au milieu des ruines de nos civilisations. Dans ces ruines, on a déposé une mangeoire avec l’enfant Jésus : la vie rayonne là où on l’attend le moins.
Un joyeux Noël à vous tous.
Vincent Klein sj.
La crèche à Saint Ferréol représente le Vieux-Port de Marseille avec… notre église au fond à gauche. Une sorte de mise en abyme! on voit les trois symboles développés par le pape lors de sa venue à Marseille: la mer, le port et le phare.