Homélie: 31 janvier 2021

Jésus, maître de la vie

            A l’époque de Jésus, il y avait beaucoup de guérisseurs, d’exorcistes, de prophètes. Pourtant Jésus ne fait pas nombre avec eux. Cette différence ne se situe pas seulement dans le mode opératoire mais aussi dans la référence de l’acte.

            Les possessions n’étaient pas que des problèmes psychiatriques mais comportent aussi un côté mystérieux qui est une forme de cristallisation des oppressions subies et de la part des romains, et de la part des autorités religieuses et enfin d’un système inégalitaire homme-femme. Bref, ces oppressions étaient classées dans la catégorie des possessions par les forces du mal, dont il faut s’en débarrasser par l’exorcisme.      

Les exorcistes du temps de Jésus utilisaient des amulettes, de l’encens, des cheveux, du lait de femme et aussi des incantations aux divinités diverses et variées allant des plus sympathiques à celles des plus effrayantes. C’est ainsi que les gens pensaient que Jésus était possédé par le démon BelZéBoul.

Jésus, dans ses exorcismes, ne fait appel à aucune divinité, même pas à son père. Autant pour les guérisons ou la multiplication  des pains, il bénit son père ou lève ses yeux vers le ciel. Autant à tous les exorcismes il ne fait que commander directement le démon pour qu’il sorte. Dans le passage d’aujourd’hui, St Marc précise que Jésus parle avec autorité.

Qu’est-ce à dire parler avec autorité ? Certainement pas avec autoritarisme, par abus du pouvoir que son père lui a conféré. L’autorité, dans le sens biblique du terme, veut dire être auteur de la vie. Et si Jésus parle avec autorité c’est parce que, avec son Père, il est co-auteur de la vie qui coule en nous. La possession est une situation où la vie est menacée, empêchée par le démon. Jésus les chasse pour libérer la vie aux possédés. Et cette opération peut comporter des soubresauts comme nous le voyons ici car le démon tient à celui qu’il possède et son départ demande parfois un arrachement.

En quoi ce passage d’Evangile nous concerne aujourd’hui ? A première vue nous pouvons parler d’attachements désordonnés dont le détachement peut être douloureux. Il y a des attachements flagrants comme les addictions à l’alcool, à la drogue mais il y a aussi à Internet et autres écrans. Mais il y en a qui sont plus sournois comme l’habitude, l’accoutumance, le train train de la vie. Nous ne sommes pas à une contradiction près : autant nous n’aimons pas les trains trains de la vie, autant quand on nous change les choses nous ne sommes plus contents, comme si nous sommes attachés au train train.

Toujours est-il que nous avons besoin d’une parole d’autorité pour nous libérer de nos attachements, y compris, surtout de ceux dont nous n’avons pas conscience. Mais c’est quoi une parole d’autorité. C’est une parole qui nous rejoint au plus profond de nous-mêmes, là où Dieu a déposé la source de vie en nous, pour la réveiller, la mettre en mouvement. Cela peut arriver dans un temps de prière mais aussi à la croisée d’un chemin, au détour d’une conversation, au cœur d’un événement car Dieu vient toujours à l’improviste. A chaque passage, nous devenons un peu plus vivant, plus libéré, plus créatif.  

Prions en cette Eucharistie pour que nous sachions toujours accueillir une parole d’autorité qui vient de Dieu, en passant parfois par un autre, un proche comme un étranger. Prions aussi pour que nous soyons aussi porteur de parole d’autorité pour les autres qui libère, rend plus vivant et plus solidaire entre frères.

François-Xavier LE VAN

En marche vers la chandeleur

Le 2 février, Présentation de Jésus au Temple

« Lumière pour éclairer les nations païennes » (Luc 2, 32), c’est par ce titre que Siméon accueille Jésus lors de la Présentation au Temple par Marie et Joseph, quarante jours après sa naissance.

A la Chandeleur, qui signifie « fête des chandelles », on bénit les cierges et l’on organise des processions

A Marseille, procession avec la Vierge Noire

En 2020
les jeunes des aumôneries des lycées portaient en procession depuis Saint-Ferréol jusqu’au quai du Vieux Port la Vierge Noire pour attendre l’Evangile arrivé par bateau, présenté par les élèves de la Marine Marchande. Les Marseillais se dirigeaient alors vers la basilique saint Victor.
C’est aussi l’occasion d’une pause gourmande au « Four des navettes » où l’archevêque bénit ce biscuit en forme de barque, en souvenir de l’arrivée des Saintes Maries et de Lazare apportant l’Evangile en Provence.

En 2021: un changement

Messe présidée par Monseigneur Aveline, archevêque de Marseille
A la cathédrale à 6h30

Les autres célébrations ont lieu à la basilique Saint Victor

Homélie: 24 janvier 2021

Les temps sont accomplis Mc 1, 14-20

« Les temps sont accomplis. » Qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce que cela veut dire que nous sommes « à la fin des temps », que la fin du monde est toute proche, ce que de nombreux disciples pensaient à l’époque. Non, ce n’est pas ça.
Cela veut dire que nous touchons au but, et ce but c’est le jour où l’Esprit sera répandu sur toute chair, où le Royaume sera là. C’est ce que Jean-Baptiste a dit : la venue de Jésus c’est l’accomplissement de toutes les promesses de l’Ancien Testament. Moi, je vous ai baptisé dans l’eau ; Lui il va vous baptiser dans l’Esprit Saint, c’est-à-dire la plénitude du Royaume par la présence même de Jésus.
« Les temps sont accomplis ». Cela ne veut pas dire que les temps sont finis, comme certains risquent de le penser en ce temps de pandémie, aux allures de fin du monde.
Non, cela veut dire au contraire que la Bonne Nouvelle est là présente, que Dieu est venu pour nous. Le règne de Dieu est tout proche, il nous suffit de l’accueillir. Nous sommes dans le temps du Christ, le temps où il est sur cette terre, où il est déjà une réalité. Le Royaume de Dieu, c’est aujourd’hui, sans attendre, qu’il fasse beau ou mauvais, qu’il y ait une pandémie ou pas.

Ce qui est remarquable à travers l’Évangile, c’est de constater comment tout ce processus n’est pas le fruit d’un coup de baguette magique.

Deux choses sont nécessaires :
La première c’est de se convertir et ici la conversion veut dire croire à la Bonne Nouvelle, ou bien croire que cette nouvelle de l’Évangile est bonne, ce qui n’est pas tout à fait pareil. Est-ce que je crois que cette nouvelle de l’Évangile est bonne ?
La deuxième chose c’est qu’il faut des gens pour l’annoncer. Et Jésus les choisit. Je ferai de vous des pêcheurs d’homme. Il va donc former ses disciples pour cela ; ils doivent le suivre, passer par un temps de pérégrination avec lui et comprendre son message. Ils vont écouter Jésus pendant quelques années, ils vont le voir accueillir les pauvres et les gens différents et les pêcheurs. C’est à la fois un temps de formation permanente, mais surtout trois ans d’expérience avec lui. Car le message de Jésus n’est pas seulement un discours, un beau discours, mais une expérience.
Il va les emmener dans le désert avec des foules. Il va se trouver avec eux sur un bateau agité sur un lac. Il va guérir des malades et il va surtout s’affronter en permanence avec les scribes et les pharisiens. Il est bien concrètement dans ce monde, comme il est dans notre monde aujourd’hui. Et tout au long de sa vie, il y aura ce débat pour savoir qui il est !

Quelle expérience ! L’évangéliste Marc est toujours très direct. On est tout à fait au début de cet Évangile au chapitre 1, et voilà déjà que Jésus arpente les villes et les villages et qu’il recrute. Il ne fait pas une annonce solitaire, ce n’est pas seulement son affaire. C’est l’affaire de tous et le message sera d’autant plus crédible qu’il peut le faire partager à d’autres.

Laissons-nous donc surprendre par cet appel qui a été fait à ces quelques disciples, et qui reste le même appel qui nous est fait : « les temps sont accomplis : le règne de Dieu est proche ». Aujourd’hui même, y compris dans les circonstances bien difficiles que nous connaissons ces temps-ci, le règne de Dieu est proche. Il s’accomplit totalement dans le mystère de l’Eucharistie que nous allons célébrer. À nous alors de le transmettre à tous ceux que nous rencontrons.

Pierre de Charentenay, sj
St Ferréol, dimanche 24 janvier 2021