Homélie: 23 mai 2021

Pentecôte 2021
Effusion de l’Esprit d’unité et de paix

Dans les rencontres internationales, chaque participant parle sa langue. C’est un principe toujours appliqué même si souvent on pourrait utiliser l’anglais. Mais comme tout le monde ne parle pas obligatoirement l’anglais, et surtout pour respecter les identités, chacun parle sa langue. C’est comme ça depuis Babel, cet événement que la Bible nous raconte pour nous montrer la division des hommes et la difficulté de se comprendre.
Alors pour surmonter Babel, on a longtemps fait appel aux traducteurs. Grâce à leurs compétences, des ponts peuvent être construits entre des mondes bien différents. Grâce aux traducteurs, des Finlandais peuvent parler à des Maliens ou des Chinois. Les Kazakhs pourront échanger avec des Grecs, etc.
Si le traducteur fait ainsi le pont et le trait d’union entre les langues, il n’en reste pas moins que les différences demeurent. L’incompréhension est toujours possible. Je peux comprendre les mots que mon interlocuteur prononce, mais je ne comprends pas forcément son point de vue. Je peux même entrer en conflit avec lui parce que nos intérêts sont opposés.
Les nationalismes se réveillent, les volontés de puissance s’expriment, et soudain c’est la guerre, comme on le voit de manière lamentable entre Israël et la Palestine en ce moment. Ce n’est évidemment pas simplement une différence de langue. Nous retournons à Babel, à l’orgueil des hommes qui les a montés les uns contre les autres, à la volonté de puissance, aux désirs de conquête. Fini le temps des traducteurs qui créent des ponts. C’est le temps des canons et des destructions.
La Pentecôte, c’est justement l’inverse. Toutes les nations entendent les disciples parler dans leur propre dialecte, dans leur langue maternelle. « Tous, nous les entendons parler dans nos langues les merveilles de Dieu ». La présence de l’Esprit ouvre à une nouvelle compréhension des autres, un nouvel accueil de ceux qui sont différents, une nouvelle unité de cette humanité qui garde pourtant sa diversité.
Mais l’Esprit Saint n’est pas simplement un nouveau traducteur, une sorte de nouvelle technique pour nous entendre et nous comprendre.
C’est beaucoup plus profond que cela : c’est une nouvelle capacité de vivre ensemble, de retrouver l’unité, de partager sa foi au-delà des différences. Nous pouvons avoir des langues différentes, des cultures différentes, des costumes différents, mais tous nous partageons la même foi et la même recherche de Dieu. La Pentecôte, c’est cette effusion de l’Esprit de l’unité, et c’est aujourd’hui que nous la célébrons.
Cela a des conséquences : il nous revient de nous mettre dans cette situation d’écoute de l’Esprit, qui nous parle d’unité de l’humanité. Nous en avons une conscience plus vive ces temps-ci avec le souci nouveau que nous avons de la sauvegarde de notre Maison commune. Nous n’avons qu’une planète et c’est ensemble que nous pourrons la sauver et la transmettre à ceux qui nous suivent. Le pape François nous l’a redit avec force dans son encyclique Laudato Si. Sortons de nos luttes internes, et mettons-nous à la tâche.
Avec François d’Assise, nous avons une inspiration. Le pape nous le redit : « En lui, on voit jusqu’à quel point sont inséparables la préoccupation pour la nature, la justice envers les pauvres, l’engagement pour la société et la paix intérieure ». Que la force de l’Esprit nous donne de vivre ce projet tous ensemble dans l’unité.

Pierre de Charentenay, sj
St-Ferréol, le 23 mai 21

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La Pentecôte

La Pentecôte, 50 jours après Pâques. Les disciples se trouvent réunis dans le Cénacle, les portes étant fermées. Après avoir entendu un bruit étonnant, ils voient apparaître des langues de feu qui se posent sur leurs têtes. Ils se mettent à parler dans toutes les langues.
Ils sont emplis de l’Esprit Saint, de cette force que le Christ leur a promise.

La Pentecôte inaugure le temps de l’Eglise.
Pour les chrétiens, c’est la découverte de cette nouvelle force, « l’Esprit », troisième personne de la Trinité, qui est à l’œuvre dans le monde et dans chacun de nous.

Que fête t-on à la Pentecôte?
Les textes du jour

Homélie Ascension du Seigneur: 13 mai 2020

En lisant les récits de l’Ascension du Seigneur on a l’impression que Jésus nous a quitté, qu’on ne le voit plus, qu’il a quitté ce monde pour le ciel. C’était exactement ce que ressentaient les disciples qui l’avaient vu s’élever dans une nuée qui ‘vint le soustraire à leurs yeux’.
Ils ont toutefois mal interprété les signes. Les deux anges corrigent leur perception: ‘Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel?’ Jésus viendra ‘de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel’. C’est à dire, il reste présent parmi nous tandis que, en même temps, il vit dans le domaine divin, dans la nuée – signe de la présence divine dans la Bible. Le psaume nous dit qu’il est ‘assis sur son trône sacré’, à savoir qu’il gouverne le monde ‘d’en haut’, qu’il surveille l’univers et dirige les affaires humaines avec bienveillance et compassion. Saint Paul l’exprime clairement: ‘il est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers’. Le psaume, en outre, souligne cette vérité: Dieu est le grand roi sur toute la terre. Il est le roi de la terre. Il règne, Dieu, sur les païens, à savoir sur ‘tout le monde’.
Et comment ? Souvent, on a l’impression que Dieu s’est éloigné de nous, qu’il reste ‘dans les nuages’ ou ‘sur son trône sacré’ détaché du lot des hommes. Aux moments de crises et de la souffrance on est persuadé qu’il nous a abandonnés. Mais ce n’est pas du tout le cas. Jésus, juste avant son Ascension, ouvre les yeux des apôtres aux signes de sa présence continue au monde: ses disciples (les croyants) ‘expulseront les démons’, c’est à dire, avec l’aide de Dieu, ils domineront le mal avec l’amour – l’amour du Christ justement qui habite en eux grâce au don de l’Esprit Saint qu’ils recevront bientôt. Et ‘les malades se trouveront bien’- même s’ils restent corporellement malades, ils resteront en paix sachant qu’en eux habitent la Vie et la Joie en plénitude, et que rien ne peut les séparer de l’amour de Dieu. Saint Paul parle des signes de la Présence du Christ aussi. Le plus grand et convaincant signe est l’amour mutuel, l’unité des chrétiens: Paul nous exhorte : ‘ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour, ayez soin de garder l’unité dans l’esprit par le lien de la paix’.
Tout de suite après l’Ascension du Seigneur, les apôtres ‘s’en allèrent proclamer partout l’Évangile’ et, dit la Sainte Écriture, ‘Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient’.
Ainsi pour nous aussi aujourd’hui: au lieu de regarder vers le ciel dans une sorte de spiritualisme désincarné, nous annonçons dans le quotidien de nos vies – dans nos relations, dans nos familles, nos communautés, sur le lieu de travail etc.- la Bonne Nouvelle, la Présence du Ressuscité dans nos coeurs et parmi nous dont les signes restent les mêmes: l’amour mutuel, l’unité, la paix. Amen.

Leon Ó Giolláin, sj
Saint-Ferréol – 13 mai 2021