Homélie du 19 juin 2022

Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés
Lc 9, 11-17

Voilà qui est une évidence : après un repas on est rassasié.
Vous avez invité des gens à déjeuner à midi, vous n’allez pas laisser vos invités avoir faim. Il y a des cultures où il n’est pas du tout poli de finir son assiette parce que ce serait un message pour dire je n’ai pas eu assez. Ici, tout le monde est rassasié.
Mais c’est un repas un peu spécial. Qu’est-ce qu’il y a de particulier dans cette nourriture ? Pour le comprendre il faut retourner à l’Ancien Testament, lorsque, à la demande de Moïse, la manne venait nourrir le peuple d’Israël tous les jours. Mais cette manne disparaissait au bout de 24 heures : nourriture éphémère.

Depuis cette multiplication des pains, tout est différent. La nourriture divine est toujours présente pour nous rassasier. Elle est symbolisée par ce que nous recevons à chaque eucharistie. Il n’y a pas de limite à sa capacité de nourriture. Il n’y a pas d’interdiction avant de la recevoir. Les 5000 hommes qui ont reçu cette nourriture n’ont pas passé un examen de morale avant de la recevoir. Ils ne sont pas parfaits et sans péché. Jésus a distribué cette nourriture à tous sans exception. Il continue à le faire à chaque eucharistie.
Mais c’est aussi une nourriture qui dure, car il en reste 12 corbeilles qu’il faut bien garder et qui vont se conserver, sous-entendu, pour d’autres occasions. Ce n’est donc plus la manne donnée chaque jour, qui ne comble pas la faim au-delà de 24h. Cette multiplication des pains nourrit et rassasie pleinement.
« Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ».
Il faut essayer de comprendre la force et l’ampleur de la visée symbolique de cette conclusion.

Ces 5 000 hommes sont rassasiés après la faim qu’ils ressentent. Il s’agit d’une faim de nourriture d’abord. Mais le miracle peut aussi s’appliquer à d’autres faims plus contemporaines, à notre faim d’objet multiples, à notre désir de posséder plus, de nous assurer matériellement, de remplir notre esprit. Le Christ nous libère de ces désirs et « nous serons rassasiés ». Nous n’aurons plus faim de consommation.
Le Christ nous libère de ces désirs. Il ne va pas nous donner des frigidaires et des billets d’avion. Mais il nous libère de ces désirs de possessions en comblant notre coeur et notre âme de sa vérité et de son amour. Si nous l’accueillons en nos vies, nous serons libérés de tous ces désirs car notre coeur sera plein de lui, de sa parole, de son questionnement en nous. Nous ne serons plus à la recherche sans cesse de toujours plus de biens, de toujours plus d’impressions et de sensations, de toujours plus d’occupations. Nous serons libérés de toutes nos addictions à l’achat, à la consommation, à l’hyperactivité.

Nous serons rassasiés. Nous sommes rassasiés spirituellement.
Quelle libération ! Nous n’avons plus faim de consommation, nous n’avons plus envie du dernier gadget, de la dernière voiture, du voyage en plus. Nous sommes rassasiés, le coeur libre de toute envie. Voilà tout ce que la multiplication des pains nous apporte. Accueillons cette nourriture dans nos vies.

Pierre de Charentenay, sj
Saint-Ferréol, le 19 juin 22

Messe des Nations 6 juin 2022

Le 6 juin, fête de la Pentecôte, l’église Saint-Ferréol célébrait la messe des Nations pour dire quelque chose de l’internationalité de la communauté de St-Fé dans l’accueil de l’Esprit Saint !
Cette internationalité s’est reconnue par les tenues vestimentaires aux multiples couleurs, les chants, les textes et prières lues en différentes langues.
Les fidèles dès leur arrivée étaient invités à venir indiquer leur pays d’origine sur le planisphère déposé à l’entrée.
C’est au chant « Esprit de vérité brise du Seigneur, esprit de liberté passe dans nos cœurs » que l’assemblée a accueilli les célébrants et le planisphère posé au pied de l’autel.
Les chants étaient assurés par le p’tit-chœur dirigé par Marie-Thanh, Jacqueline et Cédric.
La célébration s’est poursuivie avec quelques particularités puisqu’il s’agissait d’internationalité.
Ainsi la séquence de Pentecôte a été lue en Anglais, en Vietnamien, en Mina(Togo) en Espagnol et en Arabe, la procession des offrandes était accompagnée d’un chant de l’ouest du Cameroun « Yahwe kola » et, le rituel indien de l’Aarti, rituel accompli par le chant et la danse pour laisser s’épanouir son amour pour Dieu.
Après la communion un très beau temps de recueillement grâce à la voix de Marcelo Puente,  chanteur d’opéra dans le rôle de « Don Carlo » à Marseille récemment qui a chanté l’Ave Maria de Schubert.
Cette célébration a été aussi  l’occasion de remercier et de dire au revoir à ceux qui quittaient Marseille, notamment, les jésuites Yves Brasseur et Cédric Lecordier, et les xavières Juliette Ploquin et Marie-Thanh N’guyen. Ils ont collaboré à la vie pastorale de St-Fé.
Après la bénédiction finale et l’envoi « Flamme sur le monde, Fleuve des eaux vives, Esprit de Dieu » un grand temps de rencontre et de partage autour d’un apéritif festif sous un beau soleil de Provence sur le parvis de notre sanctuaire.
Belle fête de Pentecôte à St-Fé, « Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière »et grâce à cette assemblée de diverses nations,  comment ne pas entendre et vivre  l’évangile du jour « tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »

Geneviève Fraysse

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Homélie de Pentecôte


Notre église Saint Ferréol se trouve idéalement située, sur le Vieux-Port de Marseille. Des personnes de partout, chrétiens convaincus, chrétiens hésitant, personnes d’autres religions ou sans religion y entrent pour prendre un temps de pause loin de l’agitation de la rue. Nos célébrations accueillent, et nous le voyons particulièrement bien aujourd’hui, des personnes venues d’horizon très différents.
Un dimanche il y a quelques semaines, à la sortie de la messe, sur le parvis, nous les prêtres, nous saluions comme d’habitude, les fidèles qui sortaient de l’église. Et voilà un couple qui me dit : « Father, thank you for this beautiful mass. We appreciated it very much”(« Merci Père pour cette belle messe que nous avons particulièrement appréciée »). Ils en avaient les larmes aux yeux : on voyait bien qu’ils étaient remplis de l’Esprit Saint. Je leur demande alors : « Thank you. But where are you from ?” Ils me répondent: “San Diego, California”. C’étaient des Américains, touristes de passage, qui en fait ne parlaient pas un mot de français. Mais ils avaient été émus et très touchés par la célébration. Nous avons ce grand avantage dans l’église catholique romaine, que nous pouvons aller à la messe n’importe où dans le monde entier, nous sommes chez nous et pour peu que nous ayons lu les textes à l’avance, nous pouvons suivre la messe -à part l’homélie c’est vrai- sans trop de difficulté. « Ces gens ne sont-ils pas tous des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle » s’étonnent les auditeurs des apôtres dans la première lecture. Tous sont remplis d’Esprit Saint, de ce souffle, de cette langue qui vient d’un unique feu divin.
C’est cela que nous fêtons aujourd’hui : l’Esprit de Dieu qui habite en nous, de manière très personnelle et qui fait son chemin en chacun et chacune et peu importe nos connaissances ou notre ignorance des langues étrangères : l’essentiel est au-delà des mots.
J’ai été appelé cette semaine pour donner le sacrement des malades à une dame, encore assez jeune, mais qui est atteinte d’une maladie grave. Je la connaissais, mais je ne l’avais plus vu depuis la Semaine Sainte. Du coup, j’ai été choqué de la voir marcher tout doucement, en respirant difficilement. D’un côté la maladie l’avait défigurée, mais d’un autre, elle était rayonnante. Elle me confiait sa joie à travers l’épreuve, elle était pleinement consciente de la fin qui approchait mais, on le voyait bien, « elle vivait de l’Esprit et non de la chair », comme le dit Saint Paul dans la deuxième lecture. Elle est joyeuse de pouvoir aider et consoler les nombreuses personnes qui viennent la visiter. Elle est l’exemple même du message de Dieu pour la Pentecôte : l’extérieur est défiguré, soit, mais regardons l’intérieur, c’est cela qui compte.
Si on vous offre un flacon, un vase rempli de parfum précieux ou une bouteille de vin d’un grand cru, ne soyez pas superficiel et mondain, ne regardez pas que le contenant, le vase, le flacon, la bouteille, mais ouvrez-le plutôt, pour accéder au coeur, à l’essentiel, à ce qu’il y a de divin, à l’Esprit Saint qui habite au fond de chaque personne.
AMEN.

Vincent Klein, sj
Saint-Ferréol, le 5 juin 22