6ème dimanche de Pâques C
Jean 14, 23-29
Comment peut-on parler de paix aujourd’hui ? Comment entendre ces mots du Christ dans les conditions actuelles ? Que veut dire « pas à la manière du monde » ?
Tout être humain, chacun d’entre nous, est affronté un jour ou l’autre à des angoisses, des inquiétudes, devant la maladie, la mort, pour soi-même et pour ses proches. L’indifférence et l’insensibilité devant tout cela seraient affreuses. En fait, nous sommes angoissés et inquiets parce que nous sommes réalistes, c’est-à-dire ancrés dans la réalité de notre condition, finis et libres. Et nous savons que des bonnes paroles superficielles à ce moment ne servent à rien.
Par qui ces paroles de l’évangéliste Jean entendues aujourd’hui sont-elles dites ? Ce sont les paroles d’un homme, Jésus, qui sait qu’il va vers sa mort quand il les prononce, paroles sous la forme d’un long discours de Jésus lors du dernier repas avec ses disciples. Et elles sont situées par l’Eglise avant son départ physique, fêté à l’Ascension.
La foi chrétienne ne peut se contenter de paroles superficielles, faciles, qui n’engagent pas vraiment. On a souvent reproché à la foi chrétienne « d’endormir » les hommes ; on a même parlé de « religion comme opium du peuple ». La foi chrétienne se confronte en fait aux questions vitales et essentielles. Les paroles de paix prononcées par Jésus avant sa mort montrent la véritable nature de Dieu : Dieu est avec l’homme jusque dans la souffrance ; ces paroles de paix nous rejoignent dans nos exils, dans les tourbillons de nos angoisses. Il descend lui-même dans ces abysses.
Et Jésus ajoute : « vous devriez être dans la joie puisque je pars vers le Père ». Ce qui veut dire : la suite de la mort et de la vie du Christ nous introduit dans la beauté de ce mystère d’Amour. Le Père nous aime jusque-là.
Cet appel du Christ à la paix est à portée de nos mains. On peut même dire que vous la vivez déjà quand vous aimez en sincérité, quand vos paroles vraies accompagnent vos visites à l’hôpital, quand nos sourires croisent dans la rue l’abandonné, quand vous séchez les larmes d’un enfant aves tendresse, etc …
C’est l’Esprit qui agit en nous et que nous demandons sans cesse ; c’est l’Eglise quand nous nous réjouissons de nous soutenir mutuellement sur ce chemin d’évangile. Alors, nous devenons à la fois humains et spirituels. Nous devenons chrétiens.
Michel Joseph, sj