L’immuable voûte céleste est d’un bleu de plomb.
De terrifiantes corneilles en sillonnent l’espace,
Le colonisent et le confisquent méthodiquement.
Pas une mouche intrépide pour s’y aventurer.
Sur un banc de pierre au rectangle parfait
L’aimée allongée sur les genoux de l’amant
Contemple, elle aussi, mais en mode portrait,
Un amandier dressant sa chevelure opaline.
Un tenace vent glacial fige et chaparde
Le parfum jaune bonbon de cytises interdits,
Leur ramage apeuré hisse le fanion ambré.
Pas un promeneur pour pénétrer ce maquis.
Les cloches en volées applaudissent le oui dit.
La robe de mariée indique l’orient,
S’ébroue et lance au ciel mille ballons lactés :
Des corolles d’amandier, sentinelle d’espérance.
La rosée sèche n’humecte plus les lèvres
D’une terre agonisante qui craquelle et révèle,
Au gré des labours et des larmes de sel,
Le silence où hibernent larves et graminées.
Une passante, manteau bouffi, longe la crête.
D’une main elle rabat sa voile sans amarres,
De l’autre elle caresse son ventre arrondi
Et mignarde en passant l’amandier fleuri.
La mer a descendu ses persiennes grises.
Où sont les algues dansantes et les paisibles dorades ?
L’eau brunâtre et trouble repliée sur elle-même
Renferme une promesse qui tarde à s’accomplir.
Sur l’étroit muret deux enfants bravent le monde.
ls avancent bras écartés et buste vacillant,
S’accrochent aux ailes ployées d’un discret amandier
Qui les bénit pourtant de quelques pétales blancs.
Vincent Klein, mars 2022.
Sur l’espérance chrétienne en ces temps troublés. Hommage à nos frères et soeurs victimes de la folie meurtrière en Ukraine… et ailleurs.