Homélie du mercredi des Cendres:Jl 2, 12-18 ;2 Co 5, 20 – 6,2 ; Mt 6, 1-6.16-18

 Les trois textes que la liturgie nous propose donne bien le ton pour nous mettre en route en ce début de carême. Nous avons l’habitude de les entendre particulièrement en temps de Carême.
Comment les entendre aujourd’hui à nouveau frais et comme Bonne Nouvelle ? En me mettant en route comme vous aujourd’hui pour ce temps de Carême, je me vois habité par trois mots en lien avec les Écritures.

Le premier mot, c’est « conviction ». Oui, accepter de vivre le carême en se mettant en route tant sur le plan personnel que communautaire relève de la conviction que Jésus nous attend pour nous accompagner, pas à pas, dans notre cheminement et notre croissance tant spirituelle qu’humaine. Le prophète Joël , dans la première lecture, nous rappelle bien une parole du Seigneur : « Revenez à moi de tout votre coeur ». Revenez !

Ces deux dernières années ont été éprouvantes pour un grand nombre d’entre nous, pour ne pas dire, pour nous tous, à cause de toutes sortes de restrictions sanitaires entraînant alors des conséquences socio-économiques désastreuses sans oublier des dizaines de milliers de victimes du Covid de chez nous et d’ailleurs.

Certains d’entre nous ont peut-être pris l’habitude de rester à la maison le dimanche soit pour assister à la télé la messe dominicale ou pour se reposer un peu plus… Les conditions n’étaient pas toujours réunies pour nous mettre en route et venir célébrer en communauté soit en semaine ou en week-end. Ou alors, quelqu’un a dû vivre une grande épreuve dans sa vie et n’a plus la force de se tourner vers le Seigneur, croyant qu’il était abandonné par lui. Le Seigneur lui, vous dit et nous redit, « revenez à moi de votre coeur ». Soyez les bienvenus ce soir !Tel est un message de joie que nous pouvons entendre en ce début de Carême !

Le deuxième mot qui m’habite, c’est « conversion ». Il est toujours bon de se redire que la conversion n’est pas une question d’être en règle avec le Seigneur, comme si pour être bien vu par Lui, en faisant bien sa prière, en vivant bien le partage, fruit de jeûne et de privation ! Tout cela est bon, certes, mais je crois que le Seigneur nous attend aussi à un autre niveau. La conversion est plutôt une question d’être en route, en chemin, seul ou avec d’autres en vue de nous ajuster à la Parole de Dieu et de nous présenter tel que nous sommes en sa présence ; nous ajuster à sa Parole qui va transformer nos vies et nous permettre de nous ouvrir au monde et aux autres. Alors, accueillons cette parole du Seigneur de la bouche de St Paul dans la seconde lecture : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ».

Après l’invitation, « revenez à moi de tout votre cœur », nous recevons, une seconde invitation, voir un bel encouragement, « laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Il ne nous est pas dit, « réconciliez-vous avec Dieu »’ mais bien, « laissez-vous réconcilier avec Dieu » !

Frères et soeurs, la Bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui est aussi de savoir que c’est Dieu qui prend l’initiative de nous inviter à nous tourner vers lui et prendre le chemin de la conversion. Nous recevons l’invitation de lâcher prise pour ne pas croire que c’est nous qui allons contrôler les résultats de notre conversion… Voilà un appel à entendre, celui de nous abandonner entre les mains du Seigneur pour le laisser nous indiquer les pas à faire, les moyens à prendre en vue d’être réhabilité dans son amour miséricordieux, en vue de bâtir ou de rebâtir des ponts de paix là où les relations ont été et sont rompues, là où les blessures sont encore vives.

A notre niveau, nous pouvons nous sentir impuissants, si ce n’est que par la prière et des gestes de solidarité, en rapport avec la guerre déclarée en Ukraine où la violence se répand de jour en jour et conduit à la mort.

Cette situation nous renvoie à nous-mêmes pour nous rappeler que la violence peut être aussi en nous et s’exprime de différentes manières. Nous pouvons agir pour changer la situation avec la grâce de Dieu.

Nous nous souviendrons de la suite de la seconde lecture où St Paul rappelle aux Corinthiens comme à nous aujourd’hui, « En tant que coopérateurs de Dieu, nous vous exhortons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de lui. »

Enfin le troisième mot que je retiens en ce début de Carême, c’est « renouveau ». La liturgie nous invite dans un élan de renouveau à la prière, au jeûne et au partage pour changer nos comportements, pour quitter nos vieilles habitudes stériles et trop conformistes par moment et pour grandir dans la fraternité en actes. Nous pouvons aussi entendre ce renouveau dans la démarche synodale à laquelle nous sommes conviés.

Le psaume 50 nous dit bien dans quel esprit nous pouvons vivre ce temps de Carême : « Renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit…

Et nous à St-Fé, nous vous proposons de cheminer à travers le thème « Ensemble, de passage en passage, vers Pâques ».
Le renouveau que nous cherchons à vivre pourrait être symbolisé par ce « gué de pierres » comme tremplin pour avancer, de passage en passage, vers et avec le Christ, la « Pierre angulaire » sur laquelle nous désirons fonder durablement nos vies et « voir toute chose nouvelle en Christ ». Avançons de semaine en semaine pour découvrir ces « pierres » à partir des propositions de Carême et de ce que nous proposera la liturgie dominicale. Amen.

Steves Babooram, sj
St-Ferréol, le 2 mars 2022

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